Night Call
Nightcrawler
Fiche technique
Mon avis
Critique des médias, de leurs dérives sensationnalistes et voyeuristes, de leur hypocrisie face à la violence… Variation sur l’univers impitoyable de la télévision où tout est permis pour gagner la course à l’audimat. Tout cela n’est pas nouveau au cinéma, mais c’est l’angle de vue, ici, qui est intéressant. Un angle de vue proposé par un vidéaste amateur qui va devenir, à force d’audace et de coups tordus, un petit caïd de l’info trash. Excellemment campé par Jake Gyllenhaal (dans l’un de ses meilleurs rôles), le personnage de Louis Bloom est un opportuniste et un arriviste, un sel-made-man qui interprète à sa façon le rêve américain, un autodidacte calculateur doublé d’un psychopathe obsessionnel, vautour imperturbable qui profite sans vergogne des drames humains. Un personnage abject et fascinant, en marge du sérail journalistique, qui incarne à lui seul la gangrène du journalisme. Et qui incarne aussi, par le biais de la création d’une société audiovisuelle, une certaine idée du monde de l’entreprise et du management d’aujourd’hui, avec ses stagiaires exploités, ses discours sur l’engagement et la performance, son respect des ordres au mépris, parfois, d’une possible déontologie… Voilà qui ajoute à l’humour noir du film et le rend d’autant plus piquant voire cinglant. Le réalisateur Dan Gilroy, connu surtout comme scénariste, emballe le propos et l’action de son premier long-métrage avec une efficacité assez classique, via un thriller sous adrénaline, dans un Los Angeles nocturne qui rappelle les films de Michael Mann ou plus récemment Drive de Nicolas Winding Refn (qui partage avec Night Call les mêmes producteurs). Seul petit regret : le scénario n’a qu’une seule ligne dramatique, poussée jusqu’au bout de sa logique amorale et cynique. Il aurait probablement gagné à développer d’autres pistes, d’autres enjeux, pour s’enrichir de nuances et de complexités. Mais l’impact est là.
Frédéric Viaux (film vu le 29/11/2014)