Rey – L’histoire du Français qui voulait devenir roi de Patagonie
Rey
Fiche technique
Mon avis
Mieux vaut peut-être connaître déjà un peu le récit des aventures extraordinaires de ce « roi de Patagonie » pour apprécier le film de Niles Atallah, qui, avec sa narration fragmentée et ses images surréalistes, ne se « donne » pas de manière évidente et est susceptible de laisser plus d’un spectateur sur le bord du chemin. En ayant lu par exemple le roman de Jean Raspail (Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie, éd. Albin Michel, 1981), on se concentre davantage sur travail expérimental du réalisateur chilien, étonnant mélange d’images d’archives et de prises de vue retraçant une épopée à la fois magnifique et pathétique, réelle et fantasmée. Où le pouvoir de l’imagination tutoie la mégalomanie et la folie. La vision d’Atallah lorgne vers la poésie et un certain mysticisme, là où Raspail tentait le réalisme social. Cela donne un objet filmique non identifié, mystérieux et envoûtant. Très beau visuellement : charme des archives, superbe vieillissement de la pellicule utilisée (le réalisateur a enterré puis déterré certaines bobines dans son jardin…), inspiration insolite de la mise en scène au travers de séquences dans la nature ou lors d’un procès dont les protagonistes portent des masques impressionnants. Alors, bien sûr, on se perd parfois un peu dans le scénario ; mais si l’on accepte d’être dérouté, ce chemin unique vaut vraiment le détour.
Frédéric Viaux (film vu le 13/10/2020)