Les Misérables

Mon avis

Une fiction à la valeur documentaire importante, car nourrie du vécu du réalisateur, Ladj Ly, qui habite la cité des Bosquets, à Montfermeil. C’est son premier long-métrage en solo, après avoir co-réalisé le très bon documentaire À voix haute, avec Stéphane de Freitas. Ça commence comme une chronique sociale, mi-rigolarde mi-flippante, avec un état des lieux de cette banlieue parisienne aujourd’hui, des différents groupes qui l’animent et tentent de la gouverner, ou, pour être moins pudique, des différentes forces en présence. Forces qui vont s’affronter et faire basculer le film dans l’action, le thriller. Sur le fond comme sur la forme, c’est à la fois « attendu » et intelligemment conçu, efficace. Ladj Ly montre les fractures sociales, la coexistence du droit et du non-droit, en envisageant les protagonistes de son histoire sans manichéisme, dans leurs contradictions, sur un territoire où chacun a ses raisons, où il paraît difficile d’éviter « la colère et les cris » et où, au final, tout le monde est perdant. Équation désespérante. Ça sonne malheureusement juste ; c’est capté sur un mode réaliste à vif (caméra à l’épaule), classique pour ce type de sujet, mais bien fait, avec des choix de mise en scène et un montage qui font monter crescendo la tension et la violence. Si l’interprétation est inégale, la qualité d’ensemble est là, pour un résultat très prenant.

Prix du jury au festival de Cannes 2019. César 2020 du meilleur film, du meilleur espoir masculin (Alexis Manenti), du meilleur montage et César du public.

Frédéric Viaux (film vu le 20/11/2019)