Tant qu’il y aura des hommes
From Here to Eternity
Fiche technique
Mon avis
La première qualité de ce classique du cinéma américain, c’est de faire jaillir la sensibilité masculine dans un cadre militaire. Montgomery Clift, dans un rôle d’homme obstiné et blessé, est magnifique. Intense et fragile. De même, les personnages interprétés par Burt Lancaster et Frank Sinatra ont leurs forces et faiblesses. C’est, en quelque sorte, un antifilm de guerre ; c’est l’expression d’une virilité qui n’est pas sans faille, et d’autant plus émouvante. Des hommes à nu… ou presque. La scène où Burt Lancaster et Deborah Kerr s’enlacent sur la plage est restée mythique. On se laisse prendre avec plaisir par ce drame aux accents de mélo, servi par de bons dialogues, une mise en scène fluide. Et conclu sur un joli sentiment de tristesse.
C’est l’un des films les plus récompensés de l’histoire du cinéma américain : huit Oscars dont celui du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur second rôle (Sinatra, dont on dit qu’il a pu intégrer le casting grâce à ses relations dans la mafia…).
Frédéric Viaux (film vu le 08/06/2008)
À travers une vaste galerie d’officiers, de sous-officiers et de simples soldats, le film brosse un panorama assez réaliste de ce que pouvait être une garnison à la veille de l’attaque de Pearl Harbor, mais, en même temps, c’est une violente critique de l’armée US et de la psychologie des militaires. Certes, le film possède des personnages un peu conventionnels et une intrigue très hollywoodienne, mais l’imminence de la guerre domine tout le film, et chacun va alors se jeter dans l’action avec la frénésie du désespoir, à l’image des amants maudits incarnés par Burt Lancaster et Deborah Kerr, dont la scène de baiser dans les vagues est restée célèbre (jugée scandaleuse en 1953, elle faillit être retirée par la censure). L’interprétation est à ce titre de premier ordre, avec un Burt Lancaster en baroudeur de charme, Deborah Kerr en épouse volage, Montgomery Clift en angoissé marqué par le destin, Donna Reed en douce prostituée désenchantée, Frank Sinatra en soldat récalcitrant, ou Ernest Borgnine en brute sadique et bornée. Non content de récolter 8 Oscars, le film obtint l’adhésion du public qui avait déjà plébiscité le roman de James Jones dont il était tiré.