Salò ou les 120 journées de Sodome
Salò o le 120 giornate di Sodoma
Fiche technique
Mon avis
Expérience radicale et marquante. Ce dernier opus de Pasolini (avant qu’il ne meurt assassiné) ne faillit pas à sa réputation d’œuvre difficilement regardable. En rapprochant l’éphémère république de Salò (1943-1945) des 120 journées de Sodome, Pasolini brosse un tableau à forte symbolique sociopolitique et convoque ce qu’il y a de plus vil et violent chez l’homme. C’est une descente aux enfers (le film est chapitré par « cercles ») où s’expriment crûment la liberté dévastatrice des bourreaux (abus sexuels, tortures, scatologie…) et l’asservissement complet des victimes. Certaines scènes provoquent vraiment un haut-le-cœur et l’ensemble génère un puissant malaise. On a rarement été aussi loin dans la représentation de la barbarie et dans l’image d’une humanité décadente. Pasolini dira de son film : « Ce n’est pas tant le souvenir de cette époque (la fin de la Seconde Guerre mondiale) qui m’a inspiré, que le spectacle du monde actuel. » Vive les seventies…
Salò ou les 120 journées de Sodome témoigne, outre d’un pessimisme sans fond, d’une audace créatrice incroyable. Car Pasolini reste maître de son sujet, adoptant un style sec, filmant souvent de loin les scènes les plus dures. Le problème, c’est que le visionnage de ce film comporte un aspect aussi fastidieux que la lecture du livre de Sade, dans sa longueur et dans sa répétition de monstruosités. Film et livre sont finalement plus intéressants à étudier qu’à voir ou à lire… On peut d’ailleurs se reporter à l’excellente bibliographie que Pasolini indique dans son générique de début : Barthes, Blanchot, Beauvoir, Klossowski, Sollers.
Musique : airs d’époque choisis par Ennio Morricone.
Frédéric Viaux (film vu le 25/07/2009)