À nos amours
À nos amours
Fiche technique
Mon avis
À nos amours marque les débuts au cinéma de Sandrine Bonnaire. Débuts particulièrement réussis dans un rôle difficile d’adolescente sauvage, blessée, désabusée… Probablement dirigée à la dure par Maurice Pialat, comme il savait le faire, l’actrice dégage un naturel et une vérité qui irriguent tout le film et s’inscrivent parfaitement dans la tonalité du cinéma du réalisateur : un réalisme brut et abrupt, une quête d’authenticité pour sonder ici, sur le vif, en évitant les clichés, le mal-être ado et les névroses familiales. Pialat développe plusieurs idées : celle de la difficulté d’aimer, celle d’une liberté sexuelle vécue comme un divertissement qui apaise temporairement un profond désarroi existentiel, celle d’une cellule familiale prison, moule social conformiste et liberticide, celle d’une humanité qui se perd en compromis et en hypocrisie, une humanité triste pour toujours… Le scénario est implacable et assez désespéré, nourri de considérations propres au réalisateur, que l’on retrouve dans toute son œuvre, mais aussi d’éléments biographiques introduits par la coscénariste Arlette Langmann, sœur de Claude Berri qui aurait inspiré le personnage du père. Dans ce scénario, les mots sont parfois plus cinglants que les gifles qui claquent, notamment lors d’un règlement de comptes final mémorable.
Prix Louis-Delluc 1983. César 1984 : meilleur film (ex-aequo avec Le Bal, d’Ettore Scola) et meilleur espoir féminin pour Sandrine Bonnaire.
Frédéric Viaux (film vu le 04/02/2001, revu le 31/07/2014)