La Foule

The Crowd

  • La piste aux étoiles

Fiche technique

Titre en VF
La Foule
Titre en VO
The Crowd
Année (copyright)
1928
Réalisateur(s) et acteurs principaux
Réalisateur King Vidor, Acteurs, James Murray, Eleanor Boardman, Bert Roach, Daniel G. Tomlinson, Dell Henderson, Lucy Beaumont, Estelle Clark
Genre(s)
Drame, Amour
Thématiques
Rêve américain, New York, Monde du travail et de l'entreprise, Femmes au foyer, Couples en crise, Deuils, Société de consommation, Beautiful losers, Aimé par Martin Scorsese, Films de 1928
Pays de production
États-Unis
Durée
1 h 40 min
Résumé
Né le 4 juillet 1900, jour de la fête nationale, John Sims grandit sous le regard d'un père qui voit en lui le futur président des États-Unis. Adulte, plein d'espoir et d'ambition, il s'installe à New York, trouve un travail de gratte-papier dans une compagnie d'assurances et épouse Mary. Les mois et les années passent : John ne connaît pas de promotion professionnelle ; le couple vit dans un très modeste appartement ; les membres de la famille de Mary froncent les sourcils...
IMDB

Mon avis

Dans sa carrière de réalisateur, qui a commencé dans la seconde moitié des années 1910 et s’est achevée (pour ce qui est des longs-métrages) à la fin des années 1950, King Vidor a vu trois de ses films le propulser parmi les cinéastes les plus reconnus de Hollywood, à la fin du muet. La Foule (The Crowd) en fait partie, avec La Grande Parade (Big Parade) et Mirages (Show People). Devant la caméra de Vidor, les « héros de cinéma » sont des « anti-héros », des gens ordinaires, mus cependant par des idéaux liés au rêve américain. Le personnage principal de La Foule, John Sims, se sent unique et promis depuis tout petit à un grand avenir, avant de déchanter. Le réalisateur a su habilement associer dans son film des éléments de cinéma populaire (touches d’humour, accents mélos, drame pathétique) à une satire sociale pétrie d’ironie cinglante. À l’idéalisme du rêve américain – ce rêve de réussite individuelle et d’ascension sociale – il oppose un réalisme qui montre une myriade d’aspirants rêveurs, absorbés dans une foule anonyme et ramenés très vite à leur modeste condition. Vidor épingle une figure type du mâle américain, naïf et prétentieux, ainsi que l’univers des grandes villes et des grandes entreprises, déshumanisant, qui étouffe l’individu. Il épingle également la société de consommation, avec la grande importance des slogans publicitaires et l’humiliation des hommes-sandwichs, tout comme la cruauté du regard commun qui stigmatise ceux qui n’ont pas réussi à prendre l’ascenseur social. Le dénouement retourne le scénario vers un humanisme simple, chaleureux, essentiel : la vie, l’amour, le rire. Selon Le Guide des films de Jean Tulard, ce n’était pas le dénouement voulu par Vidor, mais cette fin pourrait quand même illustrer une des citations du cinéaste, rapportée dans le Dictionnaire Larousse du cinéma : « La valeur d’un homme vient de ce qu’il porte en lui et non du monde extérieur. »

Sur le plan formel, le film figure dans les anthologies du cinéma pour son fameux travelling vertical, ascendant, sur la hauteur d’un building new-yorkais, qui se poursuit horizontalement à travers une fenêtre et donne à voir des dizaines de salariés assis à leur bureau, selon une disposition géométrique qui semble s’étendre à l’infini. On retiendra aussi le sens du rythme et l’utilisation de la surimpression d’images.

Frédéric Viaux (film vu le 12/01/2002, revu le 07/08/2024)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *