L’Extravagant Mr. Deeds
Mr. Deeds Goes to Town
Fiche technique
Mon avis
Deux ans après la consécration de New York-Miami (qui valut à Frank Capra son premier Oscar du meilleur réalisateur), L’Extravagant Mr. Deeds (qui valut au cinéaste son deuxième Oscar du meilleur réalisateur) connut un grand succès grâce à de nombreux atouts et qualités : un duo charmant d’acteurs (Gary Cooper et Jean Arthur), des dialogues pleins d’esprit et de drôlerie, une mise en scène enlevée, rythmée, joyeusement inventive. Mais aussi, et peut-être surtout, grâce à un scénario qui avait tout pour plaire, et dont Capra reprendra la formule à plusieurs reprises par la suite (Monsieur Smith au Sénat, L’Homme de la rue, La vie est belle). À savoir un scénario centré sur un anti-héros, personnage simple, qui va être confronté au cynisme et à la corruption d’un monde dont il ne maîtrise pas les codes, presque anéanti par celui-ci, mais qui va s’en sortir grâce à ses valeurs personnelles, un certain sens du collectif, ou sa foi dans la démocratie américaine. Un scénario boosté à l’humanisme et à l’optimisme, qui porte en creux la critique d’une société de l’argent roi, de l’opportunisme, du snobisme, laissant sur le bord de la route et en marge du rêve américain des millions de pauvres gens (dans le film : les fermiers ruinés lors de la Grande Dépression). Dans cet idéalisme, ce moralisme, ce sentimentalisme (l’amour, la bonté, la pureté finissent toujours par être récompensés ; l’argent ne fait pas le bonheur…), on peut voir des facilités scénaristiques « populistes ». Il y a un peu de cela, évidemment. Mais il y a aussi, et surtout, une alchimie unique, entre émotions vibrantes et accents farfelus, un élan sans mièvrerie qui emporte irrésistiblement, de manière presque déconcertante, et qui est capable de nous réconcilier avec l’humanité, ne serait-ce que le temps d’un film… Il n’y a pas de mal à se faire du bien. Merci Mr. Deeds, merci Mr. Capra.
Frédéric Viaux (film vu le 14/02/1998, revu le 09/08/2024)