The Substance
The Substance
Fiche technique
Mon avis
Captivant, stressant et terriblement malaisant. Il faut avoir l’estomac, le cœur et les autres organes bien accrochés, car le film va très, très loin en matière d’inspiration horrifique et grand-guignolesque. Les premières séquences, les plus soft, sont assez géniales pour dire le temps et la notoriété qui passent. La suite étrille la société du spectacle, le machisme cynique, le culte de la célébrité et les diktats sociaux dans l’univers féminin, qui deviennent obsessions : éternelle jeunesse, beauté sexy… Tout cela est traité avec une ironie cinglante et une originalité mystérieuse concernant la thématique du dédoublement de corps (pour une seule personnalité). La réalisation, clinquante et claquante, réserve quelques outrances réjouissantes en termes de matérialité, de vulgarité, et brille par son inventivité (visuelle, sonore). Coralie Fargeat affiche une vraie patte d’auteur, tout en multipliant les clins d’œil cinématographiques et littéraires (les films de Cronenberg, Shining de Kubrick, Carrie de De Palma, Dr. Jekyll et Mr. Hyde, Le Portrait de Dorian Gray, Faust…). Et tandis que le scénario va crescendo en audace et en radicalité, entre épouvante et humour très noir, on se dit que l’on va tutoyer les sommets du body-horror-movie. Malheureusement, la réalisatrice perd le sens de la mesure en envoyant son personnage principal au « bal du diable » (ici la soirée télé du réveillon de fin d’année) et, à défaut d’implicite, se laisse emporter dans une surenchère monstrueuse, trash, gore, qui traîne péniblement en longueur. C’est hallucinant mais un peu décevant. Reste un impact très fort (dont on ne se remet pas facilement…) et une certaine sidération face à la composition de Demi Moore, en plein come-back, dans un rôle qui a forcément des résonances personnelles. Gonflé.
Prix du scénario au festival de Cannes 2024.
Frédéric Viaux (film vu le 17/11/2024)