Avatar
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Fiche technique
Mon avis
Jamais cinéaste, jusqu’à ce film, ne s’était aventuré aussi loin à la frontière entre un cinéma de prises de vue réelles et un cinéma d’animation. 60 % des scènes du film sont en images de synthèse. La performance technique est soufflante. Et surtout, l’imaginaire développé est à la hauteur du potentiel d’animation. James Cameron a créé un monde : un territoire géographique avec son relief, sa flore (notamment l’Arbre des âmes), sa faune, mais aussi une civilisation extraterrestre avec sa langue, ses lois, ses rites, ses croyances… Concernant les personnages, le réalisateur aurait pu s’affranchir davantage d’un certain anthropomorphisme (sur le plan physique et comportemental), mais le résultat aurait été moins grand public… Quoi qu’il en soit, la présentation de cet univers est certainement ce qu’il y a de plus réussi dans le film. Certaines scènes contemplatives sont un pur enchantement. D’autres, plus nerveuses, sont très impressionnantes. Et la 3D, avec sa profondeur de champ, ajoute à la dimension spectaculaire. On savait déjà, bien sûr, que James Cameron n’était pas un manchot en matière de réalisation. Il le confirme à nouveau : ampleur, lyrisme, action rythmée…
Avatar se présente comme une œuvre « somme ». Outre sa richesse formelle, qui semble être le fruit de tout le savoir-faire technique disponible, le film combine de nombreux genres cinématographiques : science-fiction high-tech, fantasy, romance, aventure et petit côté western futuriste à la fin, les Na’vi pouvant être comparés aux Indiens avec leurs arcs et leurs peintures de guerre, et les humains aux cow-boys avec leurs armes à feu. Le scénario aborde également différentes pistes thématiques : portée messianique, mythologique, opposition nature/culture, inquiétude écologique… On peut trouver le propos écolo assez naïf, mais on accepte à peu près le même discours d’un Miyazaki, par exemple. Il y a d’ailleurs des similitudes entre Avatar et Princesse Mononoké : panthéisme, union de l’ensemble des forces de la nature contre la puissance destructrice des hommes, etc. Autres éléments notables du scénario : la caricature d’une armée bêtement belliqueuse et quelques échos à l’actualité militaire des États-Unis. Ainsi, le fait que l’armée soit mise en échec par des autochtones qui « connaissent bien les montagnes » n’est pas sans rappeler les déboires des troupes américaines dans les zones montagneuses et tribales entre Afghanistan et Pakistan. Mais l’aspect critique a ses limites, le « messie » étant tout de même un marine…
Bref, on a affaire à un scénario marmite, avec plein de bonnes idées qui bouillonnent, mais probablement pas assez cuisinées. L’histoire, par manque de profondeur, laisse un peu sur sa faim. D’autant que James Cameron, à la tête du blockbuster le plus cher de l’histoire, a aussi dû sacrifier à des figures imposées du cinéma d’action hollywoodien : bataille finale « monstrueuse » avec déluge d’effets pyrotechniques, duel entre les deux principaux personnages antagonistes, méchants punis et contrits, morale sauve, amour plus fort que tout… Un dénouement classique pour une intrigue prévisible. Cela n’empêche pas, cependant, d’apprécier Avatar pour ce qu’il est principalement : une fête pour les yeux.
Oscar 2010 de la meilleure photo, des meilleurs décors et des meilleurs effets visuels.
Frédéric Viaux (film vu le 05/01/2010)