Kes
Kes
Fiche technique
Mon avis
Formé au documentaire de télévision, Ken Loach signait là son deuxième long-métrage de fiction pour le cinéma, après Pas de larmes pour Joy (1967). On y trouve déjà l’essence son art, cette captation lucide et précise de la détresse sociale, accompagnée ici d’une finesse psychologique qui va au-delà des mots. Tout le film repose sur la mise en opposition de l’éducation anglaise, dans ce qu’elle a de plus rigide, sévère ou injuste, et du dressage passionné, subtil et intelligent, du faucon par le jeune personnage principal. Le contraste nourrit une critique cinglante du système scolaire, complètement sourd aux besoins des enfants. Mais ce qui touche le plus, c’est cette relation entre Billy et le faucon, dans laquelle le gamin parvient à donner ce qu’il n’a jamais reçu, à savoir de l’attention, de l’affection et une bonne éducation.
Kes (pour kestrel, “faucon” en anglais) dégage une authenticité forte, ainsi qu’un mélange d’âpreté et de tendresse vraiment bouleversant. Son réalisme dépouillé n’exclut pas des moments de grâce (les épisodes du dressage dans le champ). Par sa simplicité et son humanité douloureuse (la fin est terrible), ce film laisse une déchirure profonde. Difficile d’oublier le visage de Billy. Ce gamin qui ne pleure jamais.
Frédéric Viaux (film vu le 16/02/2001)
C’est le film qui fit connaître Ken Loach (présenté au festival de Cannes en 1970). Son personnage d’adolescent solitaire, renfermé, mal aimé, peut faire penser à un Antoine Doinel anglais ; il trouve soudain une raison de vivre dans un univers triste et morose, en faisant d’un oiseau son ami. Mais à travers ce portrait très juste, le propos de Loach est essentiellement sociologique : il montre des aspects peu gais de la vie quotidienne, comme la dissolution de la cellule familiale, l’abrutissement lié à la vie ouvrière ou la méchanceté des adultes. Ces aspects sont renforcés par le réalisme de la mise en scène qui montre les paysages industriels du Yorkshire et une façon de vivre typique de cette Angleterre des classes laborieuses. Un film triste, émouvant, sincère et bouleversant sur la fin.