L’Âge d’or du X
L'Âge d'or du X
Fiche technique
Mon avis
Ce docu sur le cul ne manque pas d’humour. Il est aussi très instructif (riche en témoignages, en données chiffrées) et met intelligemment en perspective le contexte sociopolitique français et le développement d’un cinéma pas comme les autres. Il lui manque peut-être un point de vue sociologique sur l’impact du cinéma érotique et porno sur les mœurs françaises. À part ça, on ne boude pas son plaisir. Nicolas Castro et Laurent Préyale savent titiller notre curiosité dans ce documentaire qui n’a qu’un défaut majeur, celui d’être trop court.
Petit topo sexo-historique issu du film
Au début des années 1970, le mouvement hippie se fait voir et entendre. Nudité et sexualité s’expriment de plus en plus dans le cinéma d’auteur (Le Dernier Tango à Paris, La Grande Bouffe, Les Valseuses) et complètement dans un cinéma de genre qui connaît une belle année 1974 : 128 films érotiques sortent en salles. Ils vont totaliser 16 % des entrées en France, tous genres confondus ! Les affiches érotiques inondent alors les Champs-Élysées. Et du côté de Marmande, un film tel que Les Jouisseuses enregistre 25 000 entrées, alors que la ville ne compte que 15 000 habitants… C’est l’arrivée de Giscard au pouvoir, en mai 1974, qui a largement contribué au développement de ce cinéma de genre et, plus généralement, à la libéralisation des mœurs (fin de la censure, âge de la majorité baissé à 18 ans, etc.). Un an plus tard, en mai 1975, on ne parle que d’un seul film au festival de Cannes : Exhibition, de Jean-François Davy, présenté à la Quinzaine des réalisateurs ! Scandale mais phénomène de société : 3,5 millions d’entrées dans l’Hexagone. En 1976, une nouvelle loi vient réglementer ce secteur (films surtaxés, interdiction aux moins de 18 ans, projection dans un réseau de salles spécialisées) et les scores de fréquentation ne sont plus les mêmes. Mais le genre survit quand même généreusement. Producteurs, réalisateurs et acteurs parlent de ce que fut la “pornographie bourgeoise” des années 1976-1982 : tournage “à la bonne franquette”, ambiance festive, hédonisme entre potes, joie de vivre et de partouzer… Une époque où les actrices pouvaient choisir ce qu’elles voulaient faire et avec qui elles voulaient “se donner du plaisir”. En comparaison du X actuel, gonzo et Cie, c’était effectivement un âge d’or.
Frédéric Viaux (film vu le 15/08/2009)
Petit témoignage sur le porno (sans lien avec le documentaire)
Claude Chabrol : “Mon meilleur souvenir de film porno, c’était un samedi soir en Normandie. Il y avait un documentaire sur les Lapons et je me suis endormi… Lorsque je me suis réveillé, il y avait deux filles et trois mecs en train de s’enfiler comme pas permis… Cela m’a fait une drôle d’impression (…). J’aime bien les films X, mais surtout pour ce qu’il y a entre les scènes cochonnes. Pour amener la scène suivante, les justifications sont formidables. Ce qui me ravit surtout, c’est qu’il y a une esthétique précise : un type et une bonne femme parlent de choses et d’autres, et d’un seul coup, on entend de la musique. Ça veut dire qu’ils vont baiser.” (Propos repris dans Ciné miscellanées, de François Guérif)