La Bataille d’Alger

La battaglia di Algeri

  • La piste aux étoiles

Fiche technique

Titre en VF
La Bataille d'Alger
Titre en VO
La battaglia di Algeri
Année (copyright)
1965
Réalisateur(s) et acteurs principaux
Réalisateur Gillo Pontecorvo, Acteurs, Brahim Hadjadj, Jean Martin, Yacef Saadi, Samia Kerbash, Fusia El Kader, Ugo Paletti, Mohamed Ben Kassen, Larbi Zekkal
Genre(s)
Histoire, Guerre
Thématiques
Colonialisme et conséquences, Politique française, Armée française, Guerre d'Algérie, Regards sur l'Algérie, Terrorisme, Tortures, Lion d'or au festival de Venise, Films censurés, Compositeur Ennio Morricone, Aimé par Stanley Kubrick, Films de 1965
Pays de production
Italie,  Algérie
Durée
2 h 00 min
Résumé
En 1957, les paras français débarquent à Alger, afin de faire cesser les actions terroristes du FLN qui milite pour l'indépendance de l'Algérie. Usant notamment de la torture, ils obtiennent des informations pour atteindre les leaders de l'organisation. Parmi eux : Ali la Pointe. Acculé dans sa cachette, il se remémore ses années de lutte.
IMDB

Mon avis

C’est seulement trois ans après l’indépendance de l’Algérie que l’Italien Gillo Pontecorvo (ancien journaliste devenu réalisateur, politiquement engagé à gauche) a lancé ce projet de reconstitution historique de la bataille d’Alger et plus largement de la période 1954-1962. Projet ambitieux sur un sujet  encore brûlant. Le film a été coproduit par une structure italienne (Igor Films) et par les nouvelles autorités algériennes, représentées par Casbah Films. Cette dernière société de production était dirigée par Yacef Saadi, ancien chef politique du FLN à Alger, qui a également interprété son propre rôle à l’écran.

D’emblée, on peut imaginer deux écueils : le manque de recul historique et l’absence d’objectivité, avec une orientation pro-algérienne. Mais le résultat surprend. Le scénario de Gillo Pontecorvo et de Franco Solinas témoigne d’un souci d’exactitude historique et d’équilibre entre les positions défendues par l’un et l’autre camp. Certes, le point de vue initial est celui d’Ali la Pointe et le récit intègre une part fictionnelle, mais le traitement de cette période trouble et sanglante apparaît rigoureux et sans excès d’interprétation. Les dates, les faits, les aspirations et les argumentations contraires sont précisément exposés. Il en va ainsi du terrorisme algérien pour pousser les Français vers la sortie et obtenir l’indépendance. Il en va ainsi du recours de l’armée française à la violence et notamment à la torture pour démanteler et décapiter le réseau du FLN, restaurer la paix sociale et maintenir l’Algérie française. Les horreurs des attentats et les victimes innocentes sont autant mises en avant que la barbarie des actes de torture et de certaines représailles françaises. Pas d’idéalisation d’un côté, pas de diabolisation de l’autre, pas de surdramatisation. Le réalisateur a réussi l’exercice délicat de décortiquer l’engrenage de la violence, en gardant ses distances.

Un Lion d’or obtenu à Venise, un Grand Prix de la critique internationale et trois nominations aux Oscars n’ont cependant pas empêché de vives polémiques, surtout en France, bien entendu. Le film n’est sorti dans l’Hexagone qu’en 1971, mais a très vite été retiré de l’affiche. La droite, plus précisément l’extrême-droite, a vu dans cette Bataille d’Alger un parti pris pour le FLN et une image fausse du comportement militaire français. Il a fallu attendre 2004 et une projection dans le cadre du festival de Cannes pour que le film ressortent dans les salles. Le journal Le Monde a révélé qu’un an auparavant, en 2003, La Bataille d’Alger avait été montré à l’état-major états-unien, afin d’établir un parallèle avec la situation en Irak…

Sur un plan purement cinématographique, le film est de bonne facture, malgré un petit décalage dans la postsynchronisation des voix. Beau noir et blanc, effets réalistes avec une caméra à l’épaule dans les ruelles de la casbah d’Alger, intensité des zooms et des gros plans, ampleur des mouvements de foule… À noter que les acteurs sont tous non professionnels, à l’exception de Jean Martin (dans le rôle du général Matthieu, derrière lequel on devine le général Massu).

Musique : Ennio Morricone.

Frédéric Viaux (film vu le 01/01/2011)

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