Whisky

Mon avis

Deux personnages usés, parlant peu, menant une vie terne et routinière. Pas très palpitant sur le papier… Mais derrière les silences et les gestes mécaniques, Juan Pablo Rebella et Pablo Stoll captent avec une sensibilité de sismographe les moindres signes d’émotion ou de surprise, les hésitations de l’un, les espoirs de l’autre. Léger comique de répétition, science du cadrage et du décalage, détails qui font sens… Ce minimalisme est paradoxalement d’une grande force expressive. Impassibilité en surface, bouillonnement à l’intérieur. Et c’est tout une vie qui se joue en quelques heures. Le petit jeu conjugal qui se met en place entre les deux protagonistes donne un piment qui aurait pu être celui d’une comédie romantique. Mais il n’en est rien. Devant la caméra des réalisateurs uruguayens s’affrontent des forces de mouvement et d’inertie. Il y a là de la malice, mais aussi beaucoup d’amertume. Quelque chose qui relève de la mélancolie touchante des occasions manquées et des solitudes ordinaires.

Festival de Cannes 2004, sélection Un certain regard : prix Fipresci (critique internationale).

Frédéric Viaux (film vu le 19/12/2004)