Le jour où la Terre s’arrêta
The Day the Earth Stood Still
Fiche technique
Mon avis
C’est un classique de la science-fiction, qui dépasse le cadre de la série B auquel le genre était plus ou moins confiné à l’époque. Adaptant un livre de Harry Bates (Farewell to the Master), Robert Wise reprend certes le thème des soucoupes volantes, à la mode, mais en limite les effets spectaculaires, privilégiant le réalisme et la dimension politique du récit. Klaatu, l’extraterrestre, vient mettre en garde les Terriens contre leur folie guerrière, qui menace la paix et la sécurité de l’univers tout entier. Il les invite gentiment à se calmer, sous peine d’être anéantis. Nous sommes dans l’après-Seconde Guerre mondiale, une période de grande tension internationale, en pleine course à l’armement atomique.
“Je crois que les films de science-fiction offrent beaucoup plus de possibilités que n’importe quel autre type de film pour les messages, les thèmes, les commentaires, les avertissements sur notre monde, pays ou société. C’est pour cette raison que j’ai aimé tourner The Day the Earth Stood Still”, déclarait Robert Wise (Écran 72, n° 2). Il tournera deux autres films de SF : Le Mystère Andromède et Star Treck. Ici, la science-fiction permet au réalisateur de stigmatiser les instincts belliqueux, les préjugés, la bêtise des hommes pris dans un contexte de paranoïa, qui fait craindre autant les OVNI que le communisme. Wise concentre symboliquement toutes les peurs d’une époque. La “chasse à l’extraterrestre” et l’esprit de dénonciation qui anime le personnage incarné par Hugh Marlowe évoquent évidemment la chasse aux sorcières, le maccarthysme.
Si le message pacifiste est un peu trop démonstratif et si le scénario n’est pas exempt d’incohérences, le film s’impose tout de même par son intelligence et son efficacité. Les développements qui invitent à relativiser les savoirs humains, à jouer la carte de l’humilité, sont bienvenus. La séquence des trente minutes durant lesquelles la Terre s’arrête, simplement mise en scène, est intéressante. On peut s’amuser aussi des connotations christiques : Klaatu prend le nom humain de Carpenter (Charpentier) ; il est tué par les hommes, ressuscite puis disparaît…
Parmi les informations complémentaires sur ce film, signalons qu’une phrase est devenue culte pour les fans de SF : “Klaatu barada nikto” (formule qui stoppe l’action destructrice de Gort, le robot qui accompagne Klaatu). Côté musique, c’est Bernard Herrmann qui signe la partition. Enfin, il y a eu un remake tourné en 2008 par Scott Derrickson, avec Keanu Reeves et Jennifer Connely.
Frédéric Viaux (film vu le 20/01/2012)