Théorème

Teorema

  • La piste aux étoiles

Fiche technique

Titre en VF
Théorème
Titre en VO
Teorema
Année (copyright)
1968
Réalisateur(s) et acteurs principaux
Réalisateur Pier Paolo Pasolini, Acteurs, Terence Stamp, Silvana Mangano, Massimo Girotti, Anne Wiazemsky, Andrés José Cruz Soublette, Laura Betti, Ninetto Davoli, Carlo De Mejo
Genre(s)
Drame
Thématiques
Objets filmiques non identifiés, On n'y comprend pas grand-chose, Critiques de la bourgeoisie, Vide existentiel, Let's talk about sex, Nymphomanes, Prostitué(e)s et prostitution, Maîtres et serviteurs, Mysticisme, Peintres et tableaux, Compositeur Ennio Morricone, Films de 1968
Pays de production
Italie
Durée
1 h 35 min
Résumé
Un jeune homme, d'une beauté et d'une présence mystérieuses, arrive dans une famille de la bourgeoisie milanaise, éveille les désirs des femmes comme des hommes, y répond, révèle un certain vide existentiel, révèle chacun et chacune à lui-même ou à elle-même, puis s'en va, laissant tout ce petit monde ébranlé.
IMDB

Mon avis

Un film intrigant, déroutant. Et largement ouvert à interprétations. Le personnage incarné par Terence Stamp est-il une figure christique, qui révèle la vérité aux hommes, lesquels ont du mal à l’affronter ou à l’accepter ? Est-ce un ange ? Est-ce un démon ? Un révélateur, en tout cas. Positif ou négatif ? Sur un plan social et politique, il met en évidence la vacuité de la vie bourgeoise et pousse un patron à donner son usine à ses ouvriers et à se dépouiller de tout. Sur un plan spirituel, il participe à la transformation d’une servante en mystique thaumaturge. Sur un plan sexuel, il pointe les frustrations de toute une maisonnée, avive les désirs hétérosexuels comme homosexuels, les assouvit, et fait basculer une mère dans la frénésie et la débauche, et sa fille dans la catatonie. Sur le plan artistique, il donne la possibilité au fils de libérer ses élans créatifs, de manière débridée. Quel est le fil conducteur de tout cela ? Quelle cohérence y a-t-il entre la parabole religieuse et la fable sociopolitique ? Difficile à dire. Ce film est une illustration des grands écarts de perspective qui ont toujours nourri l’imaginaire de Pier Paolo Pasolini, notamment entre christianisme et marxisme. Un imaginaire paradoxal qui a donné des œuvres ancrées et engagées dans la réalité, mais aussi ouvertes à la spiritualité comme aux fantasmes les plus fous, sensibles au sacré et volontairement profanes… Preuve du caractère assez insaisissable de ce film (au titre tout aussi insaisissable) : il a été à la fois soutenu et blâmé par le monde catholique ; il a été à la fois soutenu et blâmé par le monde communiste. Selon Marc Gervais, exégète de l’œuvre du poète italien, le projet pasolinien est “déchiré, contradictoire, marqué par une sorte d’hystérie apocalyptique mais qui, par le moyen de l’art, cherche sans cesse le lieu et l’instant de la réconciliation”. Une quête qui passe par des transgressions tous azimuts. Un art qui devient l’exutoire d’une réconciliation impossible. Voilà qui peut choquer (et qui a beaucoup choqué – Théorème a notamment été attaqué en justice pour obscénité). Voilà qui peut fasciner. Et voilà qui peut éveiller une singulière perplexité.

Festival de Venise 1968 : Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine pour Laura Betti (la servante) et Prix de l’Office catholique international du cinéma.

Frédéric Viaux (film vu le 18/04/1997, revu le 29/12/2025)

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