12 Hommes en colère
12 Angry Men
Fiche technique
Mon avis
Brillant et puissant. D’une densité et d’une efficacité rares. C’est le premier long-métrage de cinéma de Sidney Lumet, qui avait œuvré jusque-là au théâtre et à la télévision. Le réalisateur a été choisi par Henry Fonda qui produit ce film tout en tenant le rôle principal. Quant au scénario, il est tiré d’une pièce télévisuelle, adaptée par son auteur lui-même, Reginald Rose. Son contenu résonne fort dans un contexte post-maccarthyste, en sondant les fondements de la justice états-unienne, et plus largement ceux de la démocratie états-unienne. Au centre du propos : la notion juridique de « doute raisonnable » qui interroge les concepts de vérité, de certitude, d’objectivité et de responsabilité, au-delà des apparences, des préjugés sociaux et raciaux, des réminiscences d’histoires personnelles. Ce propos prend la forme d’une joute oratoire exceptionnellement captivante, traversée de rapports de forces et d’influences, entre douze hommes (pas de femmes à l’époque dans les jurys de cours criminelles…). Douze hommes aux profils sociaux et psychologiques différents, échantillon bien choisi d’une humanité ordinaire, capable du meilleur comme du pire. Les dialogues et la progression narrative, démonstrative, sont d’une parfaite intelligence, subtile et implacable. La tension va crescendo au cours d’une journée qu’un personnage présente comme la plus chaude de l’année, avec en point d’orgue un orage extérieur… et intérieur. Sidney Lumet, après un plan fixe marquant sur le visage du jeune accusé, au début, gère son huis clos de main de maître, en termes d’espace, de timing, de direction d’acteurs… Le casting est impeccable autour d’un Henry Fonda d’une classe immense, tout en sobriété et acuité. Avec son complet blanc symbolique, il est le héraut idéal d’un humanisme auquel on aimerait encore un peu croire.
Ours d’or au festival de Berlin 1957. Échec au box-office US.
Frédéric Viaux (film vu le 01/01/1995, revu le 17/02/2025)