12 Years a Slave
12 Years a Slave
Fiche technique
Mon avis
Cette histoire tenait à cœur à Steve McQueen. Il se l’est appropriée sans se laisser déborder par sa charge émotionnelle. Sauf peut-être à la fin, point d’orgue mélodramatique, plutôt convenu, au demeurant émouvant. Le cinéaste maîtrise indéniablement son sujet, avec précision et intelligence, lui conférant un intérêt historique et une belle force dramatique. Il brasse honnêtement les thèmes de l’injustice sociale, de la déshumanisation, au cœur du système esclavagiste. Avec quelques scènes très dures à la clé : la semi-pendaison, insupportablement étirée en longueur ; la punition au fouet du personnage de Patsey, via un jeu de rôles sadique, masochiste et terriblement saignant ; ou encore le chant entonné par Solomon lors d’un enterrement, expression cathartique d’une douleur et d’une rage trop longtemps contenues. McQueen s’appuie sur d’excellents acteurs. Chiwetel Ejiofor, puissant, et Lupita Nyong’o, vibrante, sont les deux révélations du film ; Michael Fassbender impressionne quant à lui dans un rôle d’esclavagiste fou furieux et confirme qu’il n’est jamais aussi bon que sous la direction du réalisateur britannique. On retrouve également avec plaisir Paul Dano, Benedict Cumberbatch (très en vue ces temps-ci), Brad Pitt (par ailleurs coproducteur du film) et Quvenzhané Wallis (la petite fille des Bêtes du Sud sauvage). Ça fait beaucoup de qualités pour ce film. Mais des qualités très classiques, qui surprennent un peu quand on connaît le passé de vidéaste de McQueen, ainsi que ses deux premiers long-métrages en tant que cinéaste : Hunger et Shame. On retrouve bien sa patte à certains moments, via quelques longs plans fixes, cadrages ou angles insolites, petites touches abstraites, mais globalement le traitement stylistique et narratif apparaît moins original, moins personnel, que précédemment. Un lissage comme un passage obligé pour la course à l’Oscar ?
Musique : Hans Zimmer. Oscar 2014 : meilleur film, meilleure actrice dans un second rôle (Lupita Nyong’o) et meilleur scénario adapté (par John Ridley, d’après les Mémoires de Solomon Northup).
Frédéric Viaux (film vu le 23/01/2014)