Au-delà des montagnes
Shan he gu ren
Fiche technique
Mon avis
Le projet de Jia Zhang-ke est ample et ambitieux : brosser un tableau de la Chine et des Chinois sur plus de 25 ans, entre 1999 et 2025, entre histoire et anticipation ; cerner l’évolution des mentalités, des cultures, des sentiments, dans un contexte d’industrialisation et de mondialisation fulgurantes. Toujours amateur d’allégorie sociopolitique, le réalisateur dessine des personnages symboliques. Dans son trio amoureux du début, il y a Tao (la Chine) qui oscille entre Liangzi (le communisme) et Jinsheng (le capitalisme). La suite est annoncée par la chanson leitmotiv des Pet Shop Boys, Go West, et la naissance d’un enfant baptisé Dollar (!). À travers le destin de ses personnages, Jia Zhang-ke évoque les illusions et désillusions de l’ouverture de la Chine à l’Occident et au capitalisme, qui va de pair avec une perte identitaire, voire une acculturation, mais aussi un matérialisme forcené et une déshumanisation galopante. Pour éviter d’être trop conceptuel et analytique, le réalisateur déploie un récit légèrement mélodramatique qui donne quelques beaux moments d’émotion. La première partie du film est touchante et la fin magnifiquement amère. Mais entre les deux, c’est moins convaincant. Malgré quelques idées formelles intéressantes (l’évolution de la taille de l’image et de sa texture en fonction des époques), malgré l’implication des acteurs (excellents pour la plupart), les belles promesses du début se diluent dans un déroulé un peu lent, long et dispersé (l’histoire d’amour entre Dollar et sa prof). Une dilution qui, malheureusement, accentue certains aspects schématiques et démonstratifs du propos. Bref, tout en demeurant brillant dans ses perspectives, ce film n’est pas aussi percutant et abouti que le précédent opus de Jia Zhang-ke, A Touch of Sin.
Frédéric Viaux (film vu le 23/12/2015)