Caché
Caché
Fiche technique
Mon avis
Malgré sa dureté, Caché est certainement le film le plus « grand public » de Michael Haneke. Le plus évident. Et peut-être le meilleur à ce jour. Rarement plans fixes ont été aussi chargés d’angoisse et de mystère. Ceux du début du film, qui montrent une maison surveillée. Celui de la fin, qui se prête à diverses interprétations et laisse un profond malaise. Entre-temps, le cinéaste autrichien développe subtilement un sentiment de terreur et de paranoïa, en exploitant l’une de ses thématiques fétiches, le pouvoir des images. Un sentiment d’abord latent, puis explosif. Épouvante et thriller donnent la tonalité d’un drame qui plonge ses racines dans la mauvaise conscience d’un homme, dans un passé honteux et enfoui, que l’on va découvrir progressivement. Un passé qui s’inscrit dans le contexte de la guerre d’Algérie. Le réalisateur tire ainsi un trait d’union, symbolique, entre une culpabilité individuelle et une culpabilité collective. Au-delà de cette dimension politique, ce qu’il y a de fascinant ici, c’est la façon dont Haneke « épluche » son personnage central, comment il fait sauter la gangue sociale et culturelle, comment il enlève une à une les couches de respectabilité et de maîtrise de soi, pour atteindre quelque chose d’instinctif, de primitif : la peur. La peur de tout perdre, qui éveille ici des comportements bas et lâches, donnant une image peu glorieuse de la nature humaine. Le cinéaste signe un film tendu, éprouvant, sans concession. Précis et implacable. D’une intensité psychologique rare. Avec notamment une scène tétanisante. Côté interprétation, Daniel Auteuil est vraiment excellent ; Juliette Binoche, très convaincante ; Maurice Bénichou, très émouvant.
Prix de la mise en scène, Prix de la critique internationale et Prix du jury œcuménique au festival de Cannes 2005.
Frédéric Viaux (film vu le 16/08/2008)