Chinatown
Chinatown
Fiche technique
Mon avis
Un hommage très réussi aux films noirs des années 1940-1950. Le scénario comprend des ingrédients classiques (détective privé, affaire d’adultère, meurtre…). Et des recettes dramatiques également éprouvées (manipulation, corruption, violence…). L’écriture, inspirée de faits réels datant du début du 20e siècle, témoigne d’un beau savoir-faire, dans un style d’intrigue à la Chandler, complexe et retors, qui capte pleinement l’attention à défaut d’être toujours évident dans ses rouages et détails. Si l’aboutissement est parfaitement noir, on savoure en chemin quelques touches d’humour caustiques, surtout venant du personnage de détective campé par Jack Nicholson (formidable dans un registre flegmatique et cynique). Personnage malin mais dépassé par une machination plus forte que lui. Machination fatale, propre au genre. Quelques mots sur les autres acteurs et personnages principaux : John Huston impose une forte présence malsaine dans un rôle de patriarche autoritaire, abusif et manipulateur ; Faye Dunaway incarne (bien) une femme qui cache son jeu avec une ambiguïté nerveuse et une sensibilité névrotique, probablement accentuées par les relations plus que tendues qu’elle a entretenues avec Roman Polanski sur le tournage. Roman Polanski qui s’est par ailleurs aussi mis à dos le scénariste Robert Towne, en modifiant son scénario, notamment le dénouement. Voilà qui n’a pas empêché le réalisateur (et acteur ici dans un rôle teigneux et virulent) de rendre compte de l’histoire de ce petit monde pourri jusqu’au trognon de manière très classe, que ce soit en termes de mise en scène ou de travail de l’image (superbe transposition en couleurs du noir et blanc caractéristique du genre). Il offre enfin un regard singulier sur Los Angeles, orienté davantage sur ses alentours désertiques que sur son noyau urbain, et autant sur sa vie diurne que sur sa vie nocturne.
Oscar 1975 du meilleur scénario original pour Robert Towne.
Frédéric Viaux (film vu le 30/04/1995, revu le 07/09/2025)