Cœurs cicatrisés
Inimi cicatrizate
Fiche technique
Mon avis
Le film s’inspire du roman autobiographique éponyme de l’écrivain roumain Max Blecher et navigue entre portrait d’un jeune homme lettré, évocation de sa maladie, immersion dans un sanatorium des années 1930, méditation existentielle et récit d’une fin de vie. On a connu programme narratif plus joyeux et stimulant. Mais Radu Jude s’est emparé du sujet avec une intelligence et un sens tragicomique qui donnent un relief particulier à cette austérité et à cette noirceur. La narration est d’une belle liberté de ton et avance par bribes thématiques, entrecoupées de citations de l’auteur, évitant ainsi trop de longueurs et de pesanteurs. Ici, le corps malade est aussi un corps qui désire ; des réflexions sur Dieu et l’au-delà de la vie suivent des ébats amoureux ; des discussions entre amis poussent encore à rire de la montée de l’hitlérisme en Allemagne, du fascisme en Roumanie et d’un antisémitisme général ; des considérations sur la petitesse humaine et la vanité des ambitions n’empêchent pas l’espoir… Jusqu’à ce que la mort prenne un train de nuit.
Intéressant sur le fond, le film l’est aussi sur la forme, cohérente : cadre le plus souvent fixe pour suivre les jours d’un homme fixé à son lit (ou presque) ; pas de gros plans (distanciation malgré l’immersion) ; format 4/3 évoquant le cinéma des origines. Pour un résultat d’une austère beauté.
Frédéric Viaux (film vu le 05/10/2025)