Crimson Peak
Crimson Peak
Fiche technique
Mon avis
Le réalisateur mexicain signe un nouveau projet ambitieux, à la lisière de plusieurs genres : conte fantastique, épouvante gothique et mélodrame romantique. Son scénario se déroulant aux États-Unis puis en Angleterre, il convoque des références littéraires ou cinématographiques de part et d’autre de l’Atlantique : Edith Wharton et les sœurs Brontë, Edgar Allan Poe et Mary Shelley, les films de Roger Corman (avec Vincent Price) et ceux de la Hammer (avec Peter Cushing). Le nom de l’héroïne du film, Edith Cushing, est l’un des symboles de ce croisement d’influences. On songe également à l’univers de Tim Burton pour ce qui est du cinéma gothique contemporain (l’affiche de Crimson Peak est d’ailleurs très proche de celle de Dark Shadows). Guillermo del Toro digère toute cette matière référentielle avec un talent qui s’exprime surtout formellement. L’esthétique du film est somptueuse. Les décors, notamment ceux de la propriété anglaise, avec l’argile rouge qui suinte des murs de façon sanglante ou affleure sous la neige, sont très riches, avec un grand luxe de détails. Idem pour les costumes, très soignés, très variés. La photo est également superbe, avec des couleurs chaudes dans la partie états-unienne, des couleurs froides dans la partie anglaise. Quant à la réalisation, elle épouse l’horreur et la romance avec un même raffinement dans la composition des plans, une même élégance tournoyante dans les mouvements de caméra et les enchaînements de plans. Concernant l’histoire, maintenant, le travail se révèle appliqué. Les dialogues sont ciselés. Mais on voit vite où le récit nous mène. Ce caractère prévisible ne rend donc pas l’histoire aussi stimulante qu’elle aurait pu l’être. Heureusement, les acteurs sont là pour donner joliment corps aux personnages : Mia Wasikowska, abonnée aux rôles costumés, Tom Hiddleston, romantiquement sombre, et Jessica Chastain, belle en brune, intéressante dans un registre inquiétant. Reste finalement que l’on attend toujours de Guillermo del Toro qu’il retrouve l’inspiration plus personnelle et surprenante qui était la sienne dans Le Labyrinthe de Pan.
Frédéric Viaux (film vu le 23/10/2015)