Dans la cour
Dans la cour
Fiche technique
Mon avis
Une comédie dépressive, Pierre Salvadori en avait imaginée une très belle vingt ans auparavant : Les Apprentis (1995). Où l’expression des galères et de la dépression était dynamitée par une histoire d’amitié sympathique et par une drôlerie irrésistible. Le réalisateur reprend ici plus ou moins cette formule, mais sans la dynamite… Catherine Deneuve et Gustave Kervern forment un tandem gentiment improbable et décalé ; le scénario est parsemé de touches cocasses et tendres ; Salvadori témoigne toujours d’une belle sensibilité pour capter la mélancolie et le désarroi contemporains. Avec à la clé deux beaux portraits de personnages à la dérive, cherchant maladroitement une raison d’être ou des moyens pour supporter l’existence : dans l’action sociale (pour le personnage de Deneuve), dans la bière ou la drogue (pour celui de Kervern). Mais le topo, cette fois-ci, est plus désenchanté que drôle, teinté d’une noirceur inattendue. Le rythme alerte et l’énergie des Apprentis laissent place dans ce film à une lenteur, une pesanteur molle, une détresse en pente douce, qui collent certes bien aux états d’âme des personnages principaux, mais qui ont aussi leur effet plombant. Comme certains symboles un peu lourds ou trop évidents sur le plan psychologique (la fissure au mur, la crainte d’un effondrement de l’immeuble…). Ça n’empêche pas l’empathie ; on s’attache facilement et agréablement aux antihéros de cette histoire amère, incarnés par deux acteurs très justes. Mais on peut préférer d’autres films de Salvadori, plus follement inspirés, plus originaux ou enlevés.
Frédéric Viaux (film vu le 23/04/2014)