Donnie Darko
Donnie Darko
Fiche technique
Mon avis
Vrai coup de cœur pour ce film mystérieux, passionnant et bouleversant, qui laisse dans un état mélancolique et donne l’envie immédiate d’un autre visionnage, histoire de mieux comprendre les rouages de sa mécanique narrative complexe, de reconsidérer certains détails à la lumière du dénouement, de réécouter la magnifique BO… Le scénario, très riche, joue sur plusieurs tableaux : c’est d’abord la chronique d’un mal-être adolescent, entre spleen et agressivité, chronique qui bascule très vite dans une veine fantastique avec l’arrivée d’un « ami imaginaire », avec la mise en images d’une psychologie à tendance schizo-parano, avec l’expression symbolique et audacieuse de questionnements existentiels et de pulsions suicidaires ; c’est aussi une critique virulente de l’American way of life des années 1980, un peu à la façon de David Lynch dans Blue Velvet, en révélant une inquiétante étrangeté derrière les images de pavillons proprets et les discours bien-pensants ; c’est enfin le développement d’un thème classique de la SF, le voyage dans le temps, modernisé et lié habilement aux enjeux intimes du récit. Voilà qui donne un « Attrape-cœurs à la sauce Philip K. Dick », selon l’expression du réalisateur Richard Kelly, dont c’était le premier long-métrage… Coup d’essai, coup de maître. À 26 ans, Kelly réalisait déjà un film-somme, génialement architecturé, ouvrant une voie cinématographique originale et puissante. Dommage qu’il n’ait pas vraiment confirmé par la suite, avec seulement deux autres films à ce jour (Southland Tales, 2006, et The Box, 2009), à l’inverse de Jake Gyllenhaal qui lança sa carrière avec ce film.
Pour la petite histoire, Donnie Darko, sorti peu de temps après le 11 septembre 2001, n’eut aucun succès dans les salles aux Etats-Unis. Et peu ailleurs. C’est en Grande-Bretagne que le film commença à devenir culte, avec la diffusion du DVD.
Frédéric Viaux (vue le 29/07/2019)