EO
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Fiche technique
Mon avis
Jerzy Skolimowski reprend le concept de Robert Bresson dans Au hasard Balthazar, à savoir évoquer le monde des hommes à travers les yeux (et les oreilles) d’un âne. Il refait ce qui a déjà été fait, mais il le refait bien, dans une version moderne très misanthrope et minimaliste. Il y a peu de dialogues. Tout est dans l’art suggestif des situations. La présence de l’âne et le récit de ses pérégrinations suffisent à épingler l’absurdité, la bêtise, la violence, la déliquescence de notre monde. À condamner la maltraitance animale, la maltraitance de la nature en général. EO, c’est un peu de douceur dans un monde de brutes, c’est aussi un chemin de croix très christique, où l’on retrouve l’amertume et la noirceur du film de Bresson. La plus-value de cette nouvelle version réside dans sa mise en scène, très précise et inventive, et dans son esthétique au sens large, absolument superbe. Skolimowski offre un trip sensoriel unique, à hauteur d’âne, avec des points de vue inédits, des ambiances savamment éclairées (couleur rouge dominante) et un travail sonore remarquable. On peut rester dubitatif face à l’épisode avec Isabelle Huppert, mais l’ensemble est une belle réussite.
Prix du jury au festival de Cannes 2022.
Frédéric Viaux (film vu le 23/10/2022)