Étreintes brisées
Los abrazos rotos
Fiche technique
Mon avis
Il n’y a vraiment plus qu’Almodóvar pour oser de pareils mélos : lyriques, échevelés, flamboyants. C’est le digne héritier de Douglas Sirk, la « touch » espagnole en plus : sexe, humour, couleurs très vives. En comparaison de ses derniers films, on pourrait cependant dire que le cinéaste s’est apaisé. Il délaisse ici son exploration de tous les possibles sexuels pour se concentrer sur des amours certes impossibles, mais plus classiques. Almodóvar confirme une fois de plus qu’il est un excellent conteur d’histoires. Il joue sur deux récits, deux époques, grâce à un flash-back. L’ensemble est également truffé d’histoires dans l’histoire, sous forme orale (évocation de scénarios) ou visuelle (mise en abyme du tournage d’une comédie). Car en plus d’être un film d’amour, Étreintes brisées est un film de cinéphile, parsemé de références : Voyage en Italie de Rossellini, Le Voyeur de Powell, les personnages d’Audrey Hepburn… On remarque aussi quelques allusions picturales, notamment aux Amants de Magritte, lors d’une scène d’amour très belle et très triste, où deux personnages s’étreignent, chacun enveloppé dans une partie de drap, à la fois unis et séparés. Côté casting, on retrouve quelques habitués des films d’Almodóvar, dont Penélope Cruz, belle à damner un saint. Au final, ce dix-septième opus du réalisateur, riche et très maîtrisé, n’atteint peut-être pas la grâce de Parle avec elle, mais n’en est pas moins une belle œuvre.
Musique : Alberto Iglesias. Chef opérateur : Rodrigo Prieto.
Frédéric Viaux (film vu le 21/05/2009)