Fear and Desire

Fear and Desire

  • La piste aux étoiles

Fiche technique

Titre en VF
Fear and Desire
Titre en VO
Fear and Desire
Année (copyright)
1952
Réalisateur(s) et acteurs principaux
Réalisateur Stanley Kubrick, Acteurs, Frank Silvera, Paul Mazursky, Kenneth Harp, Stephen Coit, Virginia Leith, David Allen
Genre(s)
Guerre
Thématiques
Avions, Au fond des bois, Acteurs jouant plusieurs rôles dans un film, Bobines retrouvées, Films de 1952
Pays de production
États-Unis
Durée
1 h 00 min
Résumé
Rescapés du crash de leur avion, quatre soldats se retrouvent en territoire ennemi, au milieu d'une forêt. Ils décident de rejoindre une rivière puis d'en suivre le cours pour regagner leur camp. Mais leur plan va évoluer au fil de diverses rencontres : des soldats ennemis dans un poste de garde, un général dans une maison située près d'un aérodrome, une femme qui sera laissée sous la surveillance du plus jeune de l'équipe.
IMDB

Mon avis

Qui sont ces soldats ? Dans quelle guerre sont-ils engagés ? Peu importe. La voix off pose d’emblée le cadre du film : un espace mental, une abstraction, pour toucher ce qu’il y a d’universel dans la guerre, à savoir la peur, le doute, la folie, la mort. Tout cela teinté d’une forte absurdité. On reconnaît dans ce premier long-métrage de Stanley Kubrick des thèmes phares de son œuvre à venir, qu’il développera (en mieux) dans Les Sentiers de la gloire, Docteur Folamour ou encore Full Metal Jacket.

Kubrick avait 24 ans quand il a travaillé sur ce film. Il était photographe pour Look depuis sept ans, venait de réaliser deux courts-métrages (Day of the Flight, 1950 ; Flying Padre, 1951) et voulait résolument orienter sa carrière vers le cinéma. C’est grâce à l’argent de son oncle et de son père qu’il a pu financer ce long-métrage très court. Homme-orchestre, il en assuré la production, la réalisation, la photographie, le son et le montage. Il a laissé l’écriture du scénario à un ancien ami de lycée, Howard Sackler (futur prix Pulitzer), mais l’a regretté par la suite, jugeant au final les textes en voix off et les dialogues bien prétentieux. Disons que la dimension métaphorique et abstraite de l’histoire ne manque pas d’ambition, mais que son traitement est inégal, parfois pertinent, parfois fumeux. L’idée de faire interpréter par les mêmes acteurs des personnages des deux camps est excellente. En revanche, la scène entre la femme ligotée et le gamin soldat gêne par sa maladresse. Globalement, le film vaut surtout pour sa photographie, superbe. Les cadres et la lumière témoignent déjà d’une certaine virtuosité. Le montage aussi, même un peu trop.

Kubrick faisait ainsi ses premières armes, imparfaitement. Quand on sait à quel point le cinéaste était obsédé par la perfection, on comprend qu’il ait renié ce film dont il détestait “l’amateurisme” (tout est relatif…). Il a fait son possible, dans la suite de sa carrière, pour le rendre invisible en retirant les copies des circuits de diffusion. Cependant, il y a toujours une copie qui demeure cachée ici ou là ; en l’occurrence, on en a retrouvé une chez Kodak, ainsi que le négatif original du film dans un entrepôt à Porto Rico… Voilà qui nous permet aujourd’hui, contre la volonté du “maître”, de visionner avec une grande curiosité cet essai de jeunesse, pas transcendant, certes, mais déjà plein de promesses.

Frédéric Viaux (film vu le 23/11/2012)

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