Fitzcarraldo
Fitzcarraldo
Fiche technique
Mon avis
Un film “hénaurme”, aussi fou que son personnage principal, surnommé le “conquistador de l’inutile”. Après Aguirre, Herzog est donc retourné au Pérou où il avait connu tant de galères. Nouvelle entreprise masochiste et démesurée, avec le même acteur incontrôlable, Klaus Kinski (dans un rôle initialement prévu pour Mick Jagger !). Mais les aventures les plus folles sont souvent les plus belles. Cette odyssée, en tout cas, est fascinante. L’atmosphère, à bord du bateau, est lourde de tension et de menace. La présence indienne, très mystérieuse. Et le passage de la colline, hallucinant (le bateau a vraiment été tiré par les Indiens et la séquence n’est pas sans rappeler un épisode de la prise de Constantinople). Il faut voir le visage de Kinski, génial, yeux globuleux et cheveux hirsutes. Il faut aussi entendre la voix de Caruso jaillir d’un gramophone au cœur de la jungle.
Si, techniquement, tout n’est pas parfait (son, doublage, montage), si quelques scènes auraient pu être coupées (prologue longuet), on est malgré tout envoûté par la beauté vieillie des images et la force de l’histoire. La dérive du bateau, livré aux eaux rugissantes du Pongo, est un ballet incroyable. Et le final s’avère grandiose. Fitzcarraldo est peut-être moins parfait qu’Aguirre, mais c’est un grand film. Avec le plus magnifique des perdants magnifiques.
Le tournage a été un cauchemar sans nom. Dans un article publié sur telerama.fr, on trouve une liste non exhaustive des calamités rencontrées : “le plateau incendié par les Indiens aguarunas ; le campement inondé par les pluies diluviennes ; l’acteur Jason Robards rapatrié aux États-Unis au bord de la folie après six semaines de travail ; les Indiens engagés sur le tournage qui proposent à Werner Herzog de tuer la gargouille humaine Klaus Kinski, parce qu’il les terrifie ; deux figurants noyés ; le bateau qui manque de se briser dans les rapides avec huit personnes (dont le réalisateur) à son bord, etc.”
Pour en savoir plus sur les relations très particulières entre Herzog et Kinski (cinq longs-métrages tournés ensemble), on peut voir le passionnant documentaire Ennemis intimes (Herzog, 1999).
À noter, enfin, l’apparition de Jean-Claude Dreyfus (!) dans un rôle improbable, au début du film.
Frédéric Viaux (film vu le 17/04/1995, revu le 16/08/2009)