Killer Joe
Killer Joe
Fiche technique
Mon avis
William Friedkin (L’Exorciste, French Connection…) s’est trouvé une nouvelle voie. Plus il vieillit, plus il surprend. Son précédent long-métrage, Bug, avait été un choc. Celui-ci, moins minimaliste, moins abouti aussi, n’en témoigne pas moins d’une certaine audace. Ce regain d’inspiration est essentiellement dû à la collaboration avec Tracy Letts, auteur des pièces de théâtre qui sont à l’origine de ces deux films, auteur également des scénarios adaptés. Le tandem Friedkin-Letts nous plonge ici au cœur de l’Amérique profonde, dans une famille d’affreux jojos, beaufs, bêtes et méchants, monstrueux sans trop s’en rendre compte. Pour dynamiter ce foyer peu glorieux : un tueur à gages très à cheval sur les principes et la politesse, dont les pulsions sexuelles et le romantisme s’accordent avec un sens de la justice et de la famille assez particulier. L’histoire se développe sur un mode trash et comique, entre thriller saignant et farce grand-guignolesque, dont le point culminant (et délirant) est la dernière séquence. Une dernière séquence qui, outre un règlement de comptes brutal, présente un douloureux rapprochement entre la pauvre Gina Gershon et un pilon de poulet frit.
Ce mélange de mauvais goût et de goût très sûr pour l’absurde, tout en excès, nous fait osciller en permanence entre jubilation et malaise. Là est l’intérêt insolite du film pour ceux qui voudront bien se prêter à ce jeu de massacre déréalisé, qui croise follement et furieusement les archétypes de la série B, le thème de Baby Doll et quelque chose de tarantinesque.
Côté casting, Matthew McConaughey tire son épingle du jeu dans un rôle calmement violent de psychopathe ; Emile Hirsch n’est pas mal du tout en hystérique pas finaud ; Juno Temple assure dans un registre naïf et sensuel ; Thomas Haden Church est génial en grand bêta dépassé ; et Gina Gershon fait un come-back remarqué.
Frédéric Viaux (film vu le 18/01/2013)