Killers of the Flower Moon
Killers of the Flower Moon
Fiche technique
Mon avis
Le premier intérêt du film est de mettre en images un épisode méconnu de l’histoire états-unienne, épisode volontairement enfoui car honteux, reflétant la façon dont s’est développée majoritairement cette nation, sur fond de racisme, de meurtres et de spoliation. Ou comment les Indiens Osages, au début du XXe siècle, ont été décimés à petit feu par des Blancs cupides et machiavéliques.
Dans le sillage d’un Michael Cimino et de sa Porte du Paradis (le lyrisme en moins), Martin Scorsese réalise un anti-western, nourri de mauvaise conscience collective. Il s’appuie pour cela sur le travail très documenté du journaliste-écrivain David Grann (La Note américaine) et en tire une fresque historique et romanesque passionnante, longue mais d’une fluidité remarquable, sans les écueils démonstratifs du film-enquête ou film-dossier. Une fresque historique très différente, par exemple, de celle consacrée récemment à Oppenheimer, par Christopher Nolan. Sans esbroufe stylistique. Classique, certes, mais avec un sacré métier en matière narrative. Et c’est précisément de cette sobriété classique que le film semble tirer son intensité tragique et infiniment amère.
Killers of the Flower Moon (joli titre) fait également la part belle aux trois acteurs principaux. Leonardo DiCaprio, étonnant et convaincant dans le rôle ingrat d’un gars pas malin, docile, manipulé, ambivalent (même s’il abuse un peu d’une même expression de visage, une moue assez laide) ; Robert De Niro, mesuré et impressionnant en stratège monstrueux et cynique ; Lily Gladstone, d’une aura singulière dans un rôle singulier. Sphinx et martyr. Elle marque la rétine.
Frédéric Viaux (film vu le 24/10/2023)