L’Illusionniste

L'Illusionniste

  • La piste aux étoiles

Fiche technique

Titre en VF
L'Illusionniste
Titre en VO
L'Illusionniste
Année (copyright)
2010
Réalisateur(s) et acteurs principaux
Réalisateur Sylvain Chomet, Voix en VO, Jean-Claude Donda, Edith Rankin, Didier Gustin, Jil Aigrot
Genre(s)
Animation, Drame
Thématiques
Sur scène, Magie et magiciens, Ventriloques, Vagabonds - SDF, Ivresses et alcoolisme, Pulsions suicidaires, Société de consommation, Films de 2010
Pays de production
France,  Royaume-Uni
Durée
1 h 20 min
Résumé
De petits cachets en salles de spectacle plus ou moins désertes, Tatischeff peine à exercer son métier de prestidigitateur à Paris. Nous sommes à la fin des années 1950. Le magicien prend alors la direction de la Grande-Bretagne où la situation des artistes de music-hall n'est pas plus brillante... Invité dans un village écossais, il rencontre une jeune servante qui va s'attacher à lui et le suivre à Édimbourg.
IMDB

Mon avis

Sylvain Chomet, l’auteur des Triplettes de Belleville, a hérité d’un beau cadeau : un scénario inédit de Jacques Tati, laissé dans les cartons depuis plus de cinquante ans. Le cinéaste l’avait abandonné, le trouvant trop sombre et se trouvant lui-même, en tant qu’acteur, trop peu agile de ses mains (et diminué physiquement par une blessure contractée sur le tournage des Vacances de Monsieur Hulot) pour interpréter un illusionniste. Il est donc assez émouvant de voir le personnage de Tati reprendre vie à l’écran et accomplir des tours de passe-passe, l’animation concrétisant un rêve à titre posthume. Chomet a abordé le projet avec délicatesse, entre hommage, fidélité à l’œuvre et à l’esprit du cinéaste, et sensibilité personnelle. Le mariage des deux univers créatifs est très réussi.

Une grande silhouette un peu raide, une maladresse qui ne manque pas d’élégance, un comique de geste et de situation, quelques mots et borborygmes jaillissant de-ci de-là : Jacques Tati est bien là, servi par un graphisme joliment anachronique et remarquablement animé. Par ailleurs, les décors urbains et les paysages de la campagne écossaise bénéficient d’un dessin très soigné, d’un luxe de détails, de superbes couleurs et variations de lumière.

Sur le plan dramatique, le ton est à la mélancolie. Le sens du burlesque de Tati n’a jamais été aussi triste. C’est la fin d’un monde : celui du music-hall. On croise un clown alcoolique et suicidaire, un ventriloque sans le sou et SDF… Le prestidigitateur, lui, finit par relâcher son lapin blanc en pleine nature. C’est aussi l’avènement du rock, du star-system et de la société de consommation, croqués avec un dépit cocasse. Quant à l’histoire centrale – la relation filiale entre la jeune fille et le magicien –, elle est touchante sans être particulièrement originale. Au final, L’Illusionniste n’est peut-être pas le scénario le plus riche et inventif de Tati, mais il donne la matière d’un très bel exercice de style.

César 2011 du meilleur film d’animation.

Frédéric Viaux (film vu le 24/06/2010)

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