L’Impossible Monsieur Bébé
Bringing Up Baby
Fiche technique
Mon avis
Une intrigue loufoque, des dialogues « ping pong » joyeusement absurdes, des quiproquos en veux-tu en voilà, du slapstick destructeur, deux acteurs qui cabotinent sans retenue, l’un en grand benêt dépassé (Cary Grant), l’autre en miss catastrophe (Katharine Hepburn). Sans oublier une fameuse contribution animalière, celle d’un léopard nommé Bébé, qui aime les chiens et la chanson You can’t give me everything but love. Le tout emballé sur un rythme effréné. Cela donne un classique de la comédie américaine des années 1930, complètement dingue… Pas la comédie la plus subtile (on peut préférer la Lubitsch Touch), pas la plus légère (tous ces coups de folie enchaînés au pas de course ont parfois des effets un peu soûlants), mais une comédie tornade qui compte assurément parmi les plus divertissantes en son genre. Elle n’eut pourtant, bizarrement, aucun succès à sa sortie aux États-Unis. Aujourd’hui, L’Impossible Monsieur Bébé fait partie du patrimoine du cinéma US et illustre l’éclectisme talentueux de Howard Hawks, aussi à l’aise dans la comédie que dans le film de gangsters (Scarface), le film d’aviation (Seuls les anges ont des ailes), le film noir (Le Grand Sommeil), le western (Rio Bravo), voire le péplum (Terre des pharaons). L’Impossible Monsieur Bébé constitue enfin la deuxième des quatre collaborations entre Katharine Hepburn et Cary Grant, après Sylvia Scarlett (1935) et avant Vacances (1938) et Indiscrétions (1940), trois films réalisés par George Cukor.
Frédéric Viaux (film vu le 23/03/1998, revu le 10/12/2012)
Peu de comédies ont le charme, le génie et la délicieuse folie de L’Impossible Mr Bébé. C’est l’un des purs chefs-d’œuvre de la comédie américaine de la grande époque, dite « sophistiquée », telle que l’illustreront Frank Capra et Leo McCarey, et qui ici aligne quiproquos, mésententes, poursuites et pures scènes de comédie orchestrées avec brio par Howard Hawks qui trouve en Cary Grant et Katharine Hepburn deux interprètes idéaux dans ce créneau. Grant est l’archétype du gars éberlué tandis que Hepburn est une ravissante fofolle ; Hawks retrouvera d’ailleurs Grant dans La Dame du vendredi et Allez coucher ailleurs, deux autres sommets du genre. Ce genre de comédie propre aux années 1930 et 1940 possède un style inimitable avec des acteurs toujours brillants, des situations loufoques et des dialogues délicatement insolents. Ici, c’est d’une virtuosité éblouissante dans le rythme, la mise en scène, la direction d’acteurs et l’enchaînement des scènes qui confinent au burlesque.