L’Intérêt d’Adam
L'Intérêt d'Adam
Fiche technique
Mon avis
Après avoir filmé à hauteur d’enfant un cas de harcèlement scolaire, du point de vue de la petite sœur d’un garçon harcelé (Un monde, 2021), la réalisatrice belge Laura Wandel poursuit son exploration de la maltraitance infantile dans un autre cadre (les urgences pédiatriques d’un hôpital), mais en adoptant le même dispositif formel : réalisme immersif, quasi unité de lieu, concision dramatique. Elle suit les pas d’une infirmière en chef surmenée, en focalisant essentiellement sur l’histoire d’un de ses petits patients, malnutri, et de sa mère. Une mère tout en détresse, en panique et en psychose. L’ensemble doit toujours beaucoup aux frères Dardenne (coproducteurs du film) pour ce qui est de la façon de filmer le personnage principal (souvent de dos, de manière très mobile et vibrante) et de la façon de développer un drame social au suspense psychologique.
Porté par ce style sur le vif et par les interprétations “à cran” de Léa Drucker et Anamaria Vartolomei (excellentes), le résultat est fort émotionnellement, d’une tension oppressante autour de nœuds complexes. C’est peut-être moins subtil que le précédent film de la réalisatrice, plus appuyé psychologiquement, notamment en ce qui concerne la dérive d’identification et d’obsession du personnage de l’infirmière, en pleine confusion de motivations professionnelles et personnelles. Mais les portraits en miroir des deux personnages féminins centraux sont intéressants, avec, de part et d’autre, de l’épuisement physique et mental, des névroses, des aveuglements, des transgressions. C’est un film de souffrances, sans pathos. C’est un film de questions (humanistes, éthiques, déontologiques), sans jugement. À chaque spectateur de nourrir son débat intérieur.
Frédéric Viaux (film vu le 19/09/2025)