La Mouche noire
The Fly
Fiche technique
Mon avis
Le remake de David Cronenberg (La Mouche, 1986) a quelque peu éclipsé ce film. Inférieur sur les plans artistique et intellectuel, il n’en demeure pas moins un bon petit classique de la science-fiction et de l’épouvante des années 1950. C’est l’adaptation d’une nouvelle de George Langelaan, publiée dans le magazine Playboy en 1957. George Langelaan lui-même et James Clavell (futur scénariste de La Grande Évasion) en ont tiré un scénario original sur le thème classique des dangers liés aux expérimentations scientifiques. La narration est intelligemment élaborée, en posant d’emblée l’issue de l’histoire, un crime bizarre, puis en remontant dans le passé via un flash-back qui préserve longtemps le mystère. C’est d’ailleurs le suspense qui va primer, dans la réalisation, sur les trucages et autres effets spéciaux, donnant à ce film de genre une tonalité visuelle relativement sobre. Tant mieux. On pourra regretter, en revanche, que la mise en scène et l’interprétation ne soient pas à la hauteur. À la mise en scène : Kurt Neumann. L’homme n’était qu’un “faiseur” à Hollywood ; il a tourné à la chaîne de petits divertissements populaires (aventure, western, SF…) entre 1930 et 1958, dont quatre aventures de Tarzan. La Mouche noire est son plus grand succès, mais il est dû au scénario plus qu’à sa direction d’acteurs. Des acteurs qui forment ici un casting hétéroclite : Patricia Owens exaspère avec ses manières de femme au foyer directement sortie d’une pub TV ; David Hedison (crédité Al Hedison au générique) est un apprenti-sorcier assez fade ; Vincent Price semble déjà ringard à l’époque ; et Herbert Marshall, que l’on a connu subtil chez Lubitsch, semble peu concerné par son rôle. Si l’on en croit Patrick Brion (Le Cinéma fantastique), Vincent Price et Herbert Marshall ont eu du mal à conserver leur sérieux et à dire leur texte durant le film, par exemple lors de la scène où l’on retrouve la mouche prise dans une toile d’araignée. Une scène il est vrai kitschissime… Mais qu’importe, il y a là de l’audace et de l’imagination. Et même au second degré, ce n’est pas déplaisant.
À noter que Kurt Neumann est mort quelques semaines après l’avant-première de ce film, lequel aura deux suites : Le Retour de la mouche (Edward L. Bernds, 1959) et La Malédiction de la mouche (Don Sharp, 1965).
Frédéric Viaux (film vu le 19/08/2012)