La Nuit de carnaval

Karnavalnaya noch

  • La piste aux étoiles

Fiche technique

Titre en VF
La Nuit de carnaval
Titre en VO
Karnavalnaya noch
Année (copyright)
1956
Réalisateur(s) et acteurs principaux
Réalisateur Eldar Riazanov, Acteurs, Igor Ilyinsky, Lyudmila Gurchenko, Yuri Belov, Georgi Kulikov, Andreï Tutyshkin, Olga Vlasova, Sergeï Filippov, Tamara Nosova
Genre(s)
Comédie, Chanté / Dansé
Thématiques
Regards sur la Russie, Carnavals, Sur scène, Séduction (chats et souris), Films de 1956
Pays de production
URSS (Russie)
Durée
1 h 20 min
Résumé
Quelques jeunes Soviétiques se démènent pour organiser le carnaval du Nouvel An dans leur établissement. Mais un nouveau directeur décide de superviser les préparatifs et de veiller à ce que l'on se divertisse "sérieusement". Les spectacles de danse et de musique, les numéros de clowns et les tours de magie sont modifiés ou annulés. Le directeur veut lire un rapport annuel, faire discourir un conférencier sur la vie sur Mars et ressusciter un orchestre de vétérans. Mais la jeunesse se rebelle.
IMDB

Mon avis

C’est une rareté en France, l’une de ces comédies russes (presque un oxymore dans notre conception occidentale du cinéma russe…) qui n’ont connu de sortie, dans les années 1950, qu’en URSS et dans les pays de l’Est. Cette comédie, particulièrement, est l’un des plus grands succès populaires du cinéma soviétique, avec 48 millions de tickets vendus, et continue d’être diffusée à la télévision, traditionnellement, en fin d’année.

À l’époque de sa sortie, le film s’inscrit dans un contexte national plus détendu. Staline est mort trois ans auparavant. Khrouchtchev, au pouvoir, est lancé dans un processus de « déstalinisation ». Ça respire un peu. Côté cinéma, la population ne voit toujours pas de films occidentaux, mais les cinéastes, eux, trouvent des ouvertures et reçoivent des influences étrangères. D’où l’idée de tourner cette comédie musicale avec un souffle nouveau et… quelques accents jazzy. Le film détonne dans le paysage cinématographique russe d’alors, pas seulement dans sa forme (chantée/dansée, hyper rythmée, très colorée et un brin décalée), mais aussi dans son fond : une satire de la bureaucratie et de la censure idéologique. Le film oppose ainsi un directeur « rabat-joie », dont la conception des festivités va de pair avec la volonté d’instruire et d’édifier son assemblée dans le respect du dogme communiste, à une jeunesse énergique qui a soif de liberté et de rire. Même si l’enjeu du film reste assez inoffensif (un programme de Nouvel An) et le traitement bon enfant (tout en bouffonnerie légère), cette contestation de l’ordre établi porte en elle une certaine audace dans sa dérision. Le réalisateur Eldar Riazanov, dont c’est l’un des premiers long-métrages de fiction après de nombreux films d’actualités, avait d’ailleurs des craintes en montant ce projet commandé par Mosfilm et voulut plusieurs fois être démis de ses fonctions. Mais les autorités ont trouvé le résultat plus médiocre que subversif. Preuve de l’habileté de Riazanov qui a su faire passer une pilule critique en la mêlant aux recettes de la comédie populaire : petite histoire de séduction et d’amour, humour et bonne humeur, happy end… Sans oublier quelques chansons emballantes (composées pour le film et devenues des airs populaires).

Au final, cette Nuit de carnaval est assez drôle et sympathique, malgré la minceur de son scénario et la dissonance des doublages de voix. Le film constitue surtout une découverte pour cinéphiles, russophiles ou historiens, au regard du contexte social et politique de l’URSS de l’époque.

Eldar Riazanov tournera d’autres comédies à succès et fera figure d’auteur emblématique du cinéma populaire soviétique. En 2006, il donnera une suite à cette Nuit de carnaval, intitulée La Nuit de carnaval, 50 ans après. Sans retrouver la gloire de ses jeunes années.

Frédéric Viaux (film vu le 27/11/2014)

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