La strada
La strada
Fiche technique
Mon avis
Même la plus épaisse des brutes peut pleurer. C’est le petit miracle de cette histoire. Miracle infiniment amer – comme une touche de grâce par delà la noirceur – provoqué par une femme-enfant à la tête d’artichaut. Gelsomina, la douceur innocente, l’émerveillement aux grands yeux, la dégaine chaplinesque. Petit clown triste qui aura aimé envers et contre tout, jusqu’à l’absurde, jusqu’au néant, mais qui aura finalement humanisé la bête Zampano. « Tout ce qui existe est utile », lui avait soufflé le Fou, pour lui redonner de l’espoir. « Même un caillou. » Gelsomina aura eu sa raison d’être.
Zampano et Gelsomina, duo mythique de l’histoire du cinéma. Deux visages inoubliables dans un drame au dénouement poignant. Le cadre : une Italie de misère. Du côté des pauvres et des marginaux. La rue. La strada, en italien. C’est le film qui lança vraiment la carrière de Fellini, dans une veine néoréaliste bien différente de l’inspiration baroque, onirique et fantasmatique que le cinéaste cultivera ultérieurement. De l’art narratif, on retient la force des sous-entendus et des ellipses. Du style visuel, on retient le noir et blanc, très charbonneux, saisissant. Et de la bande-son, un magnifique air de trompette.
Musique : Nino Rota. Lion d’argent au festival de Venise 1954. Oscar du meilleur film en langue étrangère 1957.
Frédéric Viaux (film vu le 18/02/1995, revu le 21/03/2022)