Le diable n’existe pas
Sheytan vojud nadarad
Fiche technique
Mon avis
Un film éminemment politique et critique, de la part d’un cinéaste, Mohammad Rasoulof, qui est censuré dans son pays, l’Iran, et qui tourne clandestinement. Le thème général est classique, la peine de mort, mais l’angle d’approche est original : le point de vue des bourreaux. Ce point de vue donne la matière à quatre histoires indépendantes aux accents évidemment dramatiques. La première décrit le quotidien d’un fonctionnaire au regard vide ; la deuxième porte sur un cas de conscience et une tentative d’évasion de prison ; la troisième tourne autour d’un deuil, d’une histoire d’amour et d’une demande en mariage contrariée ; la quatrième réunit un médecin isolé à la campagne et sa nièce venue d’Allemagne.
Le propos de ce film, tourné dans pareil contexte, est on ne peut plus louable, et fait toujours mouche dans les grands festivals (ici, Ours d’or à Berlin en 2020). Un propos développé avec intelligence et précision dans le scénario, ou plutôt les scénarios, et concrétisé avec non moins d’intelligence et de précision par la mise en scène. Le bémol, c’est que cette intelligence, cette précision d’intention derrière chaque mot, chaque silence, chaque plan, chaque choix de montage, finissent par devenir un peu démonstratives sur la longueur du film (2 h 30) et par la répétition thématique. Le jeu appuyé de certains acteurs renforce aussi parfois cette impression. Pour alléger la chose, on aurait très bien pu se passer du quatrième sketch, longuet et mélodramatique. Ce film « de résistance » n’en demeure pas moins globalement fort et intéressant dans son regard.
Frédéric Viaux (film vu le 03/12/2021)