Love & Mercy
Love & Mercy
Fiche technique
Mon avis
En matière de biopic musical US, Love & Mercy se situe à mi-chemin entre I’m Not There de Todd Haynes et Jersey Boys de Clint Eastwood. Bien moins expérimental que le premier, quoique très personnel dans son approche biographique. Et heureusement moins académique que le second, tout en restant agréablement narratif et « lisible ». Bill Pohlad, plus connu comme producteur (Le Secret de Brokeback Mountain, Into the Wild, The Tree of Life, 12 Years a Slave) que comme réalisateur (Old Explorers, 1990), a su éviter l’écueil du scénario chronologique plan-plan, en axant son récit sur la confrontation de deux époques essentielles dans la vie de Brian Wilson, agencée en alternance et en écho. Une époque de boom créatif et de désordre mental croissant, entre gloire, paradis artificiels et descente aux enfers ; une époque de rémission (chaotique) et de renaissance. Ce dispositif, avec deux acteurs différents (Paul Dano et John Cusack, très bons) pour interpréter le Brian Wilson de chaque époque, est une idée intéressante et originale. On balaie rapidement le succès des débuts ; on évite le drame psychologisant sans pour autant oublier un père castrateur et les démissions de Brian Wilson vis à vis de sa femme et de ses enfants ; mais on focalise judicieusement sur l’acte de création (des moments d’inspiration, des scènes d’enregistrement en studio…) et sur la psyché défaillante du chanteur (notamment via un excellent travail du son). Éclairs de génie, délires schizophréniques et paranoïaques… Les fragments de vie, les allées et venues dans le temps se succèdent (dans des gammes chromatiques savamment travaillées) et dessinent au final un portrait assez complet du personnage et de ses évolutions-libérations-métamorphoses. Biopic réussi, donc, malgré quelques accents un peu mélodramatiques et hagiographiques sur la fin.
Frédéric Viaux (film vu le 02/07/2015)