Madre
Madre
Fiche technique
Mon avis
Malgré un bon plan-séquence, le début du film pose un argument de thriller assez basique et « facile », au sens où il est facile d’émouvoir avec la disparition d’un enfant vécue par une mère impuissante. La suite est heureusement plus complexe et troublante, même si l’on est en terrain connu : deuil et reconstruction impossibles, illusion et obsession autour d’un fils de substitution… Là où le film trouve son originalité et sa force, c’est dans la confusion des sentiments qui se déploie entre Elena et Jean, cet ado rencontré sur la plage. Quelque chose d’aussi trouble qu’une atmosphère de bord de mer chargée d’embruns. Un élan d’instinct maternel face au désir et à la compassion, une attraction réciproque avec un transfert consenti. Tout cela est traité avec un délicat sens de l’ambiguïté et une tension permanente, pour une réussite funambule qui doit beaucoup au talent de l’actrice Marta Nieto dans un registre borderline et à la qualité de la mise en scène. Le reste du casting (Jules Porier, Alex Brendemühl, Anne Consigny, Frédéric Pierrot) est très bon. Petit bémol concernant le scénario, développé à partir d’un court-métrage du même réalisateur, qui est probablement un peu trop tiré en longueur sur un enjeu dramatique unique, et qui aurait pu avoir d’autres ramifications. Ce drame intimiste n’en demeure pas moins très prenant, dans la lignée efficace des précédents thrillers de Sorogoyen (Que Dios nos perdone, El Reino).
Frédéric Viaux (film vu le 03/08/2020)