Portrait de la jeune fille en feu
Portrait de la jeune fille en feu
Fiche technique
Mon avis
Magnifique. Tout dans ce film est empreint d’intelligence et de sensibilité, au service d’un lyrisme épuré. Cette histoire d’amour entre deux femmes est un beau récit initiatique, une éducation sentimentale et sensuelle, qui reposent d’abord sur une poétique du trouble et du désir, à la fois subtile et intense, puis sur l’expression d’une passion amoureuse, vraiment émouvante. Il est aussi question de solidarité féminine, via le personnage de la jeune servante, et plus largement de la condition féminine au XVIIIe siècle, dans les campagnes, dans les milieux aristocratiques, dans la sphère artistique. Céline Sciamma réussit donc un tableau à la fois intime et social, toujours juste et pertinent. Son scénario, primé à Cannes, est parfait, truffé de détails et de symboles qui se répondent en écho, traversé en filigrane par le mythe d’Orphée et d’Eurydice, maîtrisé du début à la fin. Bref, finement écrit. Et finement réalisé. Les compositions sont picturales sans êtres ostentatoires. La mise en scène est très précise. Et les actrices donnent le meilleur d’elles-mêmes : Adèle Haenel, dans un registre dramatique auquel elle n’était pas habituée ; Noémie Merlant, révélation du film. Cerises sur le gâteau, deux séquences musicales qui donnent le frisson : une réunion nocturne de femmes, autour d’un feu, à la campagne, et le dénouement. On peut placer ce Portrait de la jeune fille en feu parmi les plus beaux films d’amour français, aux côtés de La Vie d’Adèle et de Lady Chatterley.
César 2020 de la meilleure photographie (Claire Mathon).
Frédéric Viaux (film vu le 20/09/2019)