Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?
What Ever Happened to Baby Jane?
Fiche technique
Mon avis
Jalousie exacerbée, maltraitance sadique, voyage cruel vers la folie… Qu’est-il arrivé à Baby Jane est un film monstrueux, interprété par deux anciens monstres sacrés (ou deux “vieilles biques” sur le déclin, selon un producteur de l’époque), Bette Davis et Joan Crawford, qui n’ont pas eu besoin de se forcer pour s’affronter devant la caméra, tant elles se détestaient dans la vraie vie… Ce film de “freaks” s’inscrit par ailleurs au cœur de la trilogie sur le cinéma de Robert Aldrich, succédant au Grand Couteau (1955) et précédant Le Démon des femmes (1968). Une trilogie très critique à l’égard de Hollywood, marquée par une certaine violence et une certaine outrance, pas toujours très heureuses. Cet opus ne déroge pas à cette constante, puisque le drame psychologique, lorgnant vers le thriller voire l’épouvante, n’est pas loin du grand-guignolesque parfois. Il n’en demeure pas moins marquant et assez tétanisant. Il y a quelque chose d’indiciblement malsain, ambigu et fascinant dans ce rapport de force féminin. La méchanceté haineuse du “bourreau” et la retenue timorée de la “victime” sont troublantes. La complexité psychologique de leurs rapports est savamment développée en huis clos (ou presque) par Robert Aldrich, au gré de révélations sur le passé et d’événements présents qui font monter crescendo la tension, jusqu’à un dénouement qui nuance terriblement les données manichéennes du drame. Difficile d’oublier la dernière scène du film, la chanson de Baby Jane, vieille femme restée enfant, psychopathe, terrifiante, touchante. Bette Davis trouvait là le rôle le plus halluciné et hallucinant de sa carrière. Robert Aldrich, quant à lui, trouva dans ce film l’occasion de relancer sa carrière après quelques ratés. Le succès fut critique et public aux États-Unis.
Oscar 1963 des meilleurs costumes.
Si l’on veut rester dans l’esprit du film, on peut poursuivre notamment avec Qui a peur de Virginia Woolf ? (de Mike Nichols), pour son côté “règlement de comptes déchirant”, et Misery (de Rob Reiner), pour son côté “séquestration sadique”.
Frédéric Viaux (film vu le 10/07/1999)