Quo vadis
Quo vadis
Fiche technique
Mon avis
Gros budget pour cette adaptation du roman de Sienkiewicz, sur la grandeur et la décadence de Rome. Le film se regarde sans ennui mais sans grande passion. On peut s’agacer de la dimension édifiante de l’histoire, d’un éloge béat de la religion chrétienne, de certaines longueurs. Ou encore de la composition outrée de Peter Ustinov. Mais le divertissement est honnête et spectaculaire, avec en prime les couleurs du Technicolor. Et puis il y a la beauté de Deborah Kerr…
Selon Jean Tulard, le film doit beaucoup à Anthony Mann qui tourna les scènes les plus impressionnantes. Dans Films and Filming (mars 1964), le cinéaste indique en effet qu’il a filmé tout l’incendie de Rome et dirigé l’équipe de nuit. Mais il goûtait assez peu les péplums hollywoodiens : « Ces films donnaient l’impression que le mouvement chrétien était la seule chose importante de l’histoire de l’Empire romain, alors que ce ne fut qu’un incident mineur dans la grandeur de l’Empire romain. »
Enfin, on a la surprise de découvrir dans le casting quelques noms connus pour de petits rôles non crédités : Walter Pidgeon, Sophia Loren, Elizabeth Taylor et… Bud Spencer.
Musique : Miklós Rózsa.
Frédéric Viaux (vu le 03/01/2004)
Ce film reste comme l’une des meilleures illustrations du cinéma hollywoodien à l’âge d’or du Technicolor. Il ouvre l’ère des superproductions historiques, tant pour le budget considérable que pour les moyens techniques et matériels mis en œuvre pour reconstituer la Rome impériale. C’est donc, bien avant Ben-Hur, le premier péplum à grand spectacle réalisé après la guerre à Hollywood, ouvrant la voie à d’autres films qui réutiliseront ses recettes, notamment dans les décors, costumes, accessoires, dans la figuration importante… et même si les productions de Cecil B. DeMille avaient déjà planté quelques jalons, comme Samson et Dalila, encore que c’était plus une fresque biblique, sous-genre qu’on a parfois assimilé à tort au péplum. Bref, le péplum aimait le décorum, et il le prouve dans cette histoire sur les premiers chrétiens, tournée à Cinecittà où les Américains trouvaient des conditions de tournage adéquates (réductions d’impôts, infrastructure des studios, figuration nombreuse à bon marché). Le film peut manquer parfois d’une certaine dimension, ou agacer par le style pompier des scènes religieuses, mais il brille par ses scènes de foule (le triomphe de Vinicius sur la Via Appia, l’incendie de Rome, les scènes d’arène), et, en l’état, ça reste une fresque tout à fait passionnante qui brille aussi par son interprétation, et dont on retient un Peter Ustinov qui se lâche dans son rôle de despote dérangé.