Ratatouille

Un régal. Le pari de prendre un rat pour héros d’aventures culinaires n’était pas gagné d’avance, mais le scénario et le travail visuel convainquent immédiatement. L’histoire mêle habilement action, humour burlesque, émotion, sans jamais verser dans le gnangnan, même lorsqu’on nous sert un petit couplet sur la famille ou que s’amorce une love-story. Surtout, on nous plonge avec bonheur dans le monde de la haute gastronomie, cadre insolite pour un dessin animé grand public. Et tout se tient à merveille : luxe de la reconstitution des cuisines, précision des gestes… Ici, la préparation d’une soupe est matière à suspense, la dégustation d’une ratatouille devient expérience proustienne. Il faut dire que l’animation et les couleurs sont exceptionnelles : le plaisir visuel éveillerait presque un plaisir gustatif et olfactif. Ratatouille, c’est une ode joyeuse à la création, servie par une créativité qui fait totalement honneur à son sujet et qui sourd à chaque coin d’image, jusqu’à la fin du générique de fin. Les amoureux de Paris trouveront aussi dans ce film une vision idéalisée de la capitale, exploitant goulûment et délicieusement les clichés, pour un résultat esthétique bluffant. Ils s’amuseront, au passage, du clin d’œil plus original à la boutique de dératisation des Halles. Enfin, cerise sur le gâteau : le génial portrait du critique gastronomique, personnage cinglant et mortifère, imbu de lui-même et de son pouvoir, mais capable d’une étonnante métamorphose grâce à la magie des saveurs. Toutes les scènes qui le mettent en avant sont accompagnées de textes subtils et parfaitement écrits.

Oscar 2008 du meilleur film d’animation. On peut penser qu’il s’agit à ce jour du chef-d’œuvre des studios Pixar. Divertissement, intelligence, drôlerie, qualité technique et esthétique : que demander de plus ?

Frédéric Viaux (film vu le 14/08/2007, revu le 11/06/2011)

Photo et bande-annonce