Resurrection
Kuangye shidai
Fiche technique
Mon avis
Le début oscille entre anticipation naïve, concept un peu fumeux, temporalité confuse. Déroutant, il titille néanmoins la curiosité avec sa dimension poético-fantastique, son ode au rêve, ses prémices d’un hommage au cinéma. Cinq songes, inspirés par les cinq sens et revisitant le 20e siècle chinois, nourrissent ensuite le corps du film. Le premier étonne, les deuxième et troisième sombrent dans l’abscons ou dans l’ennuyeux, les quatrième et cinquième s’élèvent en termes d’intérêt. Même si l’on ne comprend pas tout très bien, et que l’ensemble est très long, on peut voir ce film comme une expérience unique et un vrai geste de cinéma. Un geste ambitieux, inégal dans ses aboutissements et parfois indigeste, mais d’une inventivité folle en matière de symboles, de décors et de réalisation. Il y a dans ce poème visuel sophistiqué des fulgurances extraordinaires (notamment dans le dernier songe, avec ses lumières rouges et son superbe plan-séquence), qui marquent bien davantage que le fond, éclaté et incertain. C’est du cinéma hyper formaliste, truffé de références aux films des frères lumière (L’Arroseur arrosé), de Murnau (Nosferatu) ou de Welles (La Dame de Shangaï). Du cinéma qui célèbre la magie de ce rêve collectif qu’est le cinéma, tout en s’inquiétant de sa propre disparition (les dernières images). Entre rêve et cauchemar, donc.
Prix spécial au festival de Cannes 2025.
Frédéric Viaux (film vu le 14/12/2025)