Room 237
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Fiche technique
Mon avis
Shining envisagé comme une métaphore de l’extermination des Indiens d’Amérique. Ou comme une évocation de l’Holocauste durant la Seconde Guerre mondiale. Ou encore comme une preuve de la falsification des images des premiers pas de l’homme sur la Lune, scène qui aurait été filmée par Kubrick dans un studio… On n’y avait pas pensé. Mais une chose est sûre, c’est qu’on ne verra plus jamais le film comme avant…
Rodney Ascher nous livre différentes interprétations que l’on reçoit avec un mélange de fascination et d’amusement, d’incrédulité et de curiosité. Ce documentaire est une sorte de bazar théorique pour cinéphiles fous, où l’on trouve de tout : de bonnes intuitions intrigantes et des délires complets. Sous nos yeux, en suivant le fil de la pensée d’intervenants qui s’expriment en voix off, on assiste à un décryptage hallucinant du film, revisité en détail, ou ralenti à l’extrême pour y trouver des images subliminales, parfois même diffusé à l’envers… On se perd dans des dissertations nébuleuses, on s’étonne, on se lasse, on rebondit sur des schémas passionnants (la représentation incohérente de l’espace de l’hôtel, à l’image de la confusion mentale des protagonistes)… Quoi qu’il en soit de la pertinence de ces exégèses, les “shiningophiles” ou plutôt “shiningomanes” ont bien mis en évidence une donnée objective concernant le film : son nombre importants de faux raccords. Connaissant le perfectionnisme du cinéaste, on peut effectivement se dire que certains de ces faux raccords étaient voulus, donc sujets à l’interprétation, comme toute une pléiade de symboles potentiels. Cette interprétation, poussée à l’extrême, devient ici une forme d’appropriation fétichiste. Si bien que la dimension du documentaire finit par dépasser le cadre proprement dit de l’analyse du film pour cerner le “phénomène cinéphile” dans ce qu’il a de plus passionné et obsessionnel. En focalisant exclusivement sur ces théories parfois illuminées, sans confrontation avec les avis de spécialistes reconnus de Kubrick ou de membres de son entourage, Ascher ne parle finalement que du pouvoir fantasmatique du cinéma. C’est unique, réjouissant et aussi vaguement inquiétant…
Frédéric Viaux (film vu le 24/06/2013)