Séjour dans les monts Fuchun
Chunjiang shuinuan
Fiche technique
Mon avis
À la lecture du résumé de ce film (qui reprend le titre d’un tableau chinois du 14e siècle), on se dit : une énième chronique familiale asiatique… Bon. C’en est une, effectivement. Et pas des plus originales sur le fond : on passe beaucoup de temps à table, on se parle sans se regarder, on se déchire autour de questions d’argent, d’un mariage arrangé, de la garde de la grand-mère… Mais l’agréable surprise vient du fait qu’en matière de chronique familiale, c’est plutôt le haut du panier. Et c’est d’autant plus étonnant qu’il s’agit là d’un premier long-métrage, signé par un réalisateur-scénariste de 31 ans seulement. Donc bravo pour cette maîtrise narrative et esthétique : le scénario est très bien écrit, les dialogues sont justes, la mise en scène est joliment fluide et contemplative, tout en travellings et plans-séquence, épousant le rythme lent du fleuve et des saisons qui passent. Se tisse ainsi un bon canevas de fils dramatiques, cohérent et équilibré. Avec une galerie de portraits nuancés et bien campés. Bref, un récit choral assez remarquable, où Gu Xiaogang capte les joies et les peines des personnages principaux (surtout des peines…), tout en élargissant son regard à une ville et à un pays en grand changement, un peu coincés entre tradition et modernité, dans une nature qui, elle, reste immuable. Cette façon d’embrasser large, tout en étant humble et discrètement poétique, force le respect et laisse admiratif devant quelques scènes d’une grande beauté. Cette ambition a aussi ses petits écueils : des longueurs, ici et là, au gré d’un film-fleuve de 2h30, une image numérique pas très nette parfois, faute de moyens probablement. Mais la qualité d’ensemble l’emporte et donne vraiment envie de découvrir la suite de ce film présenté comme le premier volet d’une trilogie.
Frédéric Viaux (film vu le 31/01/2020)