Taxidermie
Taxidermia
Fiche technique
Mon avis
Au royaume de la bizarrerie, ce film hongrois tient une place de choix. Quelque part entre le burlesque d’Ettore Scola dans Affreux, sales et méchants, et les fantasmes les plus débridés de Fellini, mais en plus trash et plus froid. La farce tragique est gargantuesque et glauque, crue et radicale. Son thème central, c’est le corps : frustré, dégénéré, gavé, dépecé, charcuté, empaillé… Ça éjacule, ça vomit, ça incise. La réalisateur, avec une jubilation étrange, montre tout ce que l’on peut faire subir à un corps (d’homme ou d’animal, vivant ou mort), de l’outrage bestial jusqu’à l’horreur sophistiquée et… artistique. Il faut avoir l’estomac bien accroché et l’esprit ouvert pour contempler, par exemple, un fœtus en porte-clés. Entre fascination et répulsion, ce film monstrueux sur une humanité monstrueuse surprend sans cesse et ne laisse pas indifférent.
György Pálfi, le réalisateur, dit s’être inspiré du modèle de la saga familiale défini par Thomas Mann : « Le modèle de Thomas Mann est le suivant : en trois générations, le grand-père lance le clan dans le monde, le père porte la famille au sommet de la société et le fils renonce aux valeurs fondatrices de la réussite. Dans Taxidermie, ce schéma est repris, déformé, amplifié et bouleversé. »
Frédéric Viaux (film vu le 12/09/2009)