Tel Père, tel fils
Soshite chichi ni naru
Fiche technique
Mon avis
Avec son intelligence et sa sensibilité habituelles, Hirokazu Kore-eda brode une double chronique familiale, intime, profonde, à la fois douce et cruelle. En allant d’une famille à l’autre, en confrontant des approches différentes de la paternité, le réalisateur développe deux problématiques : la filiation, à travers un questionnement sur la primauté ou non des liens du sang sur les liens de la vie commune, un questionnement sur la notion de transmission et de partage ; et puis l’éducation, qui fait écho à des enjeux et des fondements sociétaux, tiraillée entre un culte moderne de la réussite, au prix d’un certain rigorisme et d’une certaine froideur, et des valeurs traditionnelles qui « sacralisent » les liens familiaux, depuis le respect porté aux aïeux jusqu’à l’union entre parents et enfants. Kore-eda n’évite pas un certain schématisme dans l’opposition des classes sociales, via l’opposition des deux figures paternelles : le riche architecte guindé, sévère et distant ; le gentil prolo, cool, qui joue avec ses enfants. On peut trouver aussi le traitement du sujet un rien trop classique, voire moral. Mais dans sa dimension de délicatesse, de pudeur, le film est vraiment réussi. Il témoigne de la grande maîtrise et de la grande élégance du cinéaste en matière de narration et de direction d’acteurs, toujours très justes, notamment dans l’attention qu’il porte, de film en film, aux expressions des enfants.
Prix du jury au festival de Cannes 2013.
Frédéric Viaux (film vu le 25/12/2013)