The Apprentice
The Apprentice
Fiche technique
Mon avis
On sent dans le scénario (signé Gabriel Sherman, journaliste politique) une volonté d’être le plus factuel et le plus sobre possible. En matière d’expression de l’arrivisme et de la vulgarité de Donald Trump dans ses jeunes années, le film est sans doute en deçà de la réalité. Et c’est probablement mieux ainsi, pour rester crédible sans tomber dans la farce. En focalisant sur la relation entre Trump et son mentor, Roy Cohn, le film donne intelligemment à comprendre l’homme politique d’aujourd’hui, à partir de son ascension en tant qu’entrepreneur et homme d’affaires. Mais pas que : il donne aussi à comprendre son patriotisme, son rapport à l’autorité, à la vérité, aux femmes, aux maladies contagieuses…
Dans ce roman d’apprentissage, c’est la figure du maître à penser et à agir, Roy Cohn, qui est la plus intéressante. Cet avocat fut le conseiller juridique du sénateur anticommuniste McCarthy (ce n’est pas dit dans le film) et l’ardent promoteur de la condamnation à mort des époux Rosenberg (c’est dit dans le film). Maniant offensivement et cyniquement le mensonge, le chantage et la corruption, il a fait d’un jeune entrepreneur un peu tendre un véritable golden boy, symbole d’un capitalisme tout puissant, sans foi ni loi. Une incarnation aussi du rêve américain dans ce qu’il peut avoir de plus opportuniste et démesuré.
Les interprétations de Sebastian Stan (Trump) et de Jeremy Strong (Cohn) sont convaincantes. La reconstitution des années 1970 (décors, costumes, coiffures, formats et textures d’images) est soignée. La réalisation et la narration s’avèrent incisives et bien rythmées, à défaut d’être originales. L’ensemble n’atteint peut-être pas des sommets, cinématographiquement parlant, mais donne corps efficacement à un travail biographique à la fois pertinent et édifiant.
Frédéric Viaux (film vu le 21/10/2024)